24 juillet 2011

LE MIROIR DE NOTRE CONSCIENCE





Les hommes ne se causent jamais autant de tort les uns aux autres que lorsqu'ils veulent impatiemment faire régner le Bien sans aucune ombre, et ce faisant, s'instituent eux-mêmes juges avant l'heure. Le cours de l'histoire nous y ramène toujours à nouveau:  lorsque au nom d'utopies nées dans leur for intérieur, des serviteurs non envoyés par Dieu se sont donné pour tâche d'arracher l'ivraie, ils ont, ce faisant, effroyablement  détruit le bon grain de Dieu. Le monde ne peut pas s'assainir de lui-même, ni opérer son salut. La loi de la parabole du bon grain et de l'ivraie nous concerne aussi; il faut toujours recommencer à combattre les serviteurs qui, sous prétexte d'assainissement, se posent en juges et mettent la patience de Dieu à l'épreuve...
Nous ne pourrons jamais nous élever dans notre nature à la Lumière du Bien absolu; le blé et l'ivraie continueront de croître indifféremment dans le champ de notre liberté, ce qui est notre vie même - jusqu'au jour de la grande récolte, qui ne nous appartient pas. Voilà l'image que nous renvoie le miroir de notre conscience: en nous cohabitent le Bien et le Mal, indépendamment de l' issue.

Johannes-Baptist Metz, théologien catholique
professeur à l'université de Münster
in "Schott-Messbuch",
diocèses de Bâle, Freiburg i.B., Vienne

Aucun commentaire: