5 juin 2011

LA NOBLESSE DE LEUR COEUR


Vieille femme de Galilée

J'aime parler avec les vieillards, les écouter, contempler ces visages burinés par le temps et lavés de toute passion. Ceux des villes et des villages de Galilée ont connu les guerres, l'exil, l'humiliation, la pauvreté. Et pourtant la douceur de ces êtres fragiles est souvent surprenante. Leurs silences et leurs regards disent la noblesse de leur coeur. La vie se lit sur leur visage comme dans un livre ouvert. Je trouve chez eux la compassion qui m'avait tant marqué chez ma grand-mère toujours soucieuse de nous protéger de la haine et de l'esprit de vengeance, ces grands alliés de la mort. "Que Dieu leur pardonne",disait-elle toujours, nous incitant à "laisser les morts enterrer les morts", et répétant sans cesse: "Je m'occupe des vivants."
Je peux dire que cette vieille femme, dans sa pauvreté et son humilité, fut pour moi un maître: laminée par la souffrance, elle maîtrisait parfaitement cet art de la relation qu'est la tendresse. Ah, si les peuples voulaient bien se mettre à l'école d'une telle sagesse...

Émile Shoufani, curé de Nazareth
in "Voyage en Galilée"

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