12 août 2024

LA PREUVE PAR LES MIRACLES ?

 


Croire reste un saut et ne relève pas du rationnel, c’est consentir à un signe.


Je n’exclus pas l’existence des miracles, cependant je renonce à appuyer ma pensée dessus. Blaise Pascal, l’exact opposé d’un imbécile, brandissait « la preuve par les miracles «  sitôt qu’il défendait le christianisme. L’Évangile de Jean en décline sept. Il y en a de faux et de vrais. Il faut une marque pour les connaître, autrement ils seraient inutiles. Ils sont au contraire fondement. Aux yeux de ses contemporains, Jésus vérifiait sa doctrine et le fait qu’il était le Messie par ses miracles.

Hormis le caractère douteux et discutable des  miracles, j’oppose une objection à Blaise Pascal: les raisons de croire n’engendrent pas la croyance. La foi ni ne se déduit ni ne découle d’une logique. L’esprit prépare le terrain pour qu’elle s’y enracine à l’occasion, guère davantage. Les démonstrations de Dieu ou de Jésus n’obtiennent jamais le statut de preuves, seulement celui d’arguments.

Croire reste un saut et ne relève pas du rationnel, c’est consentir à un signe. Si Dieu se découvrait continuellement aux hommes, il n’y aurait pas de mérite à le croire; et s’il ne se découvrait jamais, il y aurait peu de foi. Il est demeuré caché sous le voile de la nature, qui nous le couvre jusqu’à l’incarnation; et quand il a paru, il s’est encore plus caché en se couvrant de l’humanité.

Foi et refus de la foi expriment notre liberté.

*

L’athée est celui qui croit en la mort, il y voit le néant.

Le chrétien est celui qui croit en la vie dont il attend qu’elle triomphe du néant.

Tout relève de la croyance quand il s’agit d’appréhender ce que nous  ignorons.


Éric-Emmanuel Schmitt, membre de l’académie Goncourt,

Le défi de Jérusalem  éd. Albin Michel pp. 110-112, 157 (extraits)


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