25 juin 2024

L’ÉVANGILE DE CHAQUE INSTANT

 




Tu ne nous as jamais demandé l’impossible 

La liturgie, la lecture, la méditation, le silence, le recueillement, la ferveur des assemblées, le chant, la prière, tout cela est bon. Mais parfois on finit par oublier l’Évangile de chaque pas, de chaque instant, ta présence imperceptible, obsédante dans nos vies, dans le suint de l’ici-maintenant, dans le corps-à-corps avec la foule, au milieu des visages mordus par la fatigue, par la violence et la bêtise du monde.

Et quand on veut te prier, mon Dieu, on fait comme si tout cela n’était rien, on range l’ordinaire de nos existences dans quatre ou cinq mots étincelants, et on te célèbre, on te loue comme si tu étais un tyran dont il fallait flatter la toute-puissance en faisant monter vers lui des hymnes repeints, des héroïsmes joyeux, des idylles.

C’est avec des mots recousus, qui portent encore les plis de la nuit, qui gardent un œil sur la tristesse d’hier, que je voudrais te prier, mon Dieu. Que ne soient pas remisés, replâtrés ma gaucherie d’homme, mes peurs d’être importun, mon désir de ne pas taire l’effroi, le chagrin, l’inquiétude. Tu ne nous as jamais demandé l’impossible : marcher sur l’eau, toi seul peux le faire. C’est à cela qu’ont servi les miracles de ton fils : à nous délivrer de l’illusion d’en faire nous-mêmes. Rester debout, être témoin de ta parole, ne pas nous résigner, ne pas renoncer, c’est déjà, à notre échelle, un véritable miracle. Que tu rends possible. 

Emmanuel Godo, poète et essayiste, professeur de littérature en classes préparatoires

lavie.fr

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