Sans lui, je n’aurais pas trouvé la lumière au milieu des ténèbres
Impossible de passer à Nazareth sans rendre visite à Charles de Foucauld. Je pénétrai dans ce jardin [du monastère]. Une grande paix. De l’harmonie, de l’unité. Il était donc là. Il m’attendait. Il m’enveloppait. Je lui dois tant. Sans lui, je ne me serais pas aventuré vers Dieu. Je n’aurais pas trouvé la lumière au milieu des ténèbres, je ne croirais pas.
À Nazareth, Charles de Foucauld pressentit qu’il lui fallait occuper la dernière place, non seulement parce que nul ne la lui ravirait, mais parce qu’elle s’inscrivait dans les pas de Jésus au moment où il habitait à Nazareth. L’abaissement lui parut un devoir. Il en tira la conclusion qu’il ne prêcherait pas, qu’il incarnerait plutôt le Jésus obscur, silencieux, dont les Évangiles ne rapportent quasiment rien. Il comprit qu’il ne se limiterait pas à cette Galilée bien-aimée, mais qu’il exporterait cette vie de Nazareth ailleurs, parmi les âmes les plus malades, les brebis les plus délaissées, ne cherchant à convertir personne, témoignant du Christ par sa façon d’exister.
Autour de moi, tout racontait encore cette période consacrée à l’adoration, au service des autres. Pas d’architecture monumentale ou prétentieuse. Une cahute. Quelques cellules au rez-de-jardin qui s’apparentaient à des étables. Je contemplais la chapelle minimaliste. Elle m’impressionnait plus que les cathédrales géantes. Au lieu de la richesse du Seigneur, elle manifestait la pureté de l’âme. Son dénuement correspondait à la vraie chair de la foi.
Éric-Emmanuel Schmitt,
Le défi de Jérusalem - Albin Michel pp.58-60 (extraits)
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