Il est des hommes, des communautés aussi, gourous en tout genre qui se disent être la voie, la vraie. Il est des hommes qui prétendent qu’il faut venir à eux sans réserve et sans condition. Qui retiennent vers eux. Pour eux. Qui se prennent pour le tout, l’absolu. Ces hommes-là, ces groupes-là tuent la liberté, la conscience critique. Ils font taire la petite musique qui en soi murmure qu’il faut fuir, prendre ses jambes à son cou et ne plus se retourner.
Mais Jésus alors ? Ne dit-il pas : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ? » Oui, mais toute la différence est justement là : car ce n’est pas vers lui qu’il mène, mais vers le Père. Ce n’est pas pour lui qu’il est la vérité, mais pour que les humains que nous sommes puissent connaître et chercher encore, avec leur intelligence et leur rationalité autant qu’avec leur cœur et leur sensibilité. Et de quelle vie est-il le témoin ? Sinon de la vie donnée en faveur de tous. Non pour lui-même.
Jésus est un passeur qui nous fait passer au-delà, vers l’intimité avec le Père. Jésus est un passant qui ne retient personne, pas même ceux qu’il aime et qu’il verra partir lors de son arrestation au mont des Oliviers. Pas même sa mère ou le disciple qu’il aimait, quand, à l’heure de mourir, il les enverra tous deux vers l’avenir. Contrairement à tous gourous et autres voleurs de la générosité et de la foi sincères qui retiennent pour eux sous prétexte de servir Dieu, Jésus, lui, dilate le cœur et l’âme afin qu’ils avancent librement dans l’existence.
Plus même, il affirme que nous ferons des œuvres plus grandes encore que les siennes. Aucun gourou ne laisse son disciple aller au-delà de lui-même. Jésus si, car il ne compare pas. Il offre tout de lui-même et ne prend rien. Il donne. Redonne. Voilà « l’œuvre plus grande », la vie, notre existence, habitée de son esprit et à notre tour donnée et redonnée au monde afin qu’il vive.
Sr Véronique Margron, dominicaine
Marche dans la ville (2018)
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