13 février 2023

ABUS SEXUELS, UNE MALADIE « SYSTÉMIQUE » ?

 


Il ne s’agit pas simplement d’agressions individuelles mais d’indices irrécusables 

d’un dysfonctionnement structurel. 



Ces temps-ci, dans les affaires d’abus sexuel il a été admis que le problème est « systémique ». C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas simplement d’agressions, de défaillances et d’insuffisances individuelles, mais d’indices irrécusables d’un dysfonctionnement structurel. L’autorité et la responsabilité dans la vie ecclésiale s’en trouvent discréditées, et par suite aussi tous ceux qui les assument et exercent, quoi qu’ils aient fait ou non et fassent ou pas désormais. Il faut commencer par admettre que la dénonciation de tels manquements et l’indignation qu’ils suscitent sont absolument justifiées. D’abord parce que de plus faibles sont avilis et que l’impunité du plus fort — pas pour sa survie mais pour sa seule jouissance — et son indifférence au sort de ses victimes font partie des lois de la jungle et non de la civilisation. Ensuite et surtout parce que ce sont là des perversions flagrantes du pouvoir de salut reçu du Christ.

On doit savoir gré au clergé de ne s’ être pas dérobé en demandant collectivement un rapport aussi complet que possible sur ces exactions criminelles.  La libération de la parole chez des victimes de clercs coïncide avec des plaintes dans des clubs sportifs et avec le mouvement #MeToo. 

Ces phénomènes tendent à imposer des images qui occupent entièrement le champ de vision de réalités dont elles ne reflètent que certains aspects. Ainsi, ce qui est perçu de l’Église n’est plus qu’une série de prêtres prédateurs et de prélats traînés devant les tribunaux pour n’avoir pas compris que c’était grave. Mais c’est décidément un peu rapide et pour le moins superficiel. Ces clichés ne changent rien pour qui est déjà installé dans une perception négative du catholicisme. La question est plutôt de savoir combien d’hésitants s’éloignent de la foi sous le prétexte que certains de ses serviteurs la trahissent. Sans doute y en a-t-il. Mais cela prouve seulement qu’ils n’ont pas encore compris que ce n’est pas en son curé qu’il s’agit de croire finalement, et que de gros progrès restent à faire en pédagogie catéchétique.


 Jean Duchesne, essayiste, cofondateur de la revue de théologie “Communio”

extrait du billet 29/11/2022

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