« La sainteté, c’est juste ne pas faire vivre le mal qu’on a en soi » Christian Robin
La sainteté ne consiste pas à faire, mais à ne pas faire quelque chose.
S’agit-il de s’abstenir ? C’est plus simple que cela. Car s’abstenir, c’est encore « se tenir », c’est-à-dire lutter contre soi. Le héros, devant le danger, s’abstient de fuir ou de crier. Au contraire, ici, « c’est juste ne pas faire vivre ». Non pas lutter contre le mal, seulement ne pas en faire trop de cas.
Ce mal, dit enfin la citation, on l’a « en soi ».
Le poète Christian Bobin laisse-t-il ici éclater son pessimisme ? « Tous coupables ! » Non : pas d’éclat ni d’exclamation. « Le mal qu’on a en soi » : l’expression est à lire dans la suite paisible du reste de la phrase. Le mal est là. L’humilité est d’en faire le constat. L’orgueil nous inspire de mener contre notre péché une guerre dont l’effet premier sera de l’entretenir. Il faut donc faire moins et mieux : ne pas offrir prise.
N’est-ce pas là de la tiédeur ? C’est une décision forte que celle de ne pas regarder l’ivraie, mais toujours le bon grain, et de ne s’appesantir ni sur son péché ni sur les effets dans notre vie du péché de nos frères. C’est cette décision qui fait de l’offense, commise ou subie, une occasion de dialogue, peut-être de pardon. Non, le mal n’est pas fait pour être éradiqué, vaincu. Les saints eux-mêmes n’y arrivaient pas. Il est là pour être confessé. Offert. Envoyé au Ciel.
MARTIN STEFFENS, philosophe
Prier-novembre 2022

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