J’ai tellement besoin qu’une parole vienne adoucir et éclairer mes jours.
« Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret. » Mt 6, 6
L’ai-je bien fermée, la porte ? De mon bureau, de ma voiture, de ma chambre pour quelques minutes, le temps de lire ces mots sur l’écran. Que la porte se referme sur le bruit du dehors, sur toute agitation. Qu’elle se referme aussi sur le passé et son goût parfois amer, qu’elle se ferme, juste un temps, sur l’avenir qui m’inquiète. Je vais fermer toutes les portes, pour n’en ouvrir qu’une. Celle qui n’ouvre pas dehors, mais celle qui donne sur l’intérieur. Pour que ces mots que je lis maintenant ne s’envolent pas au loin, mais grandissent là, tout près, au-dedans de moi-même. J’ai tellement besoin qu’une parole vienne adoucir et éclairer mes jours.
Et pourtant, dès la porte fermée, je retrouve ici tout ce que j’avais voulu jeter loin de moi : soucis, distractions, questions viennent troubler désormais l’espace si réduit où je me croyais seul. Puisque je ne peux pas me débarrasser de tout ce fatras, il faut au moins que je le dépose. Ou plutôt qu’il repose, pour que je puisse me reposer. Je cherche donc quelqu’un à qui confier mes maux pour faire descendre en moi les mots qui m’apaiseront. Je troquerais volontiers mes soucis, mes questions, mes idées, contre un brin de silence.
Y a-t-il quelqu’un ici qui accepte l’échange ? Je le crois, même s’il est invisible. Et s’il se tait, vais-je le lui reprocher, à lui que je cherche pour qu’il m’ouvre au silence ? Le Père, voilà son nom. Présence paisible où tout peut reposer.
Fr. Franck Dubois, dominicain
Carême dans la ville
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Du tête à tête au coeur à coeur
[…] Nous avons finalement beaucoup discuté [, ce prêtre et moi,] sur tous les sujets qui m’intéressaient : la politique, l’histoire, mais aussi la religion. Je me sentais assez libre de lui parler ouvertement. À l’écoute, il soignait beaucoup ses réponses à mes questions qui étaient, je l’avoue, parfois un peu provocatrices. Cela m’a frappé quand il m’a dit : « Ce n’est pas grave si tu as horreur d’aller à la messe. Le Christ a tout son temps pour toi. Mais cela vaut la peine que tu lui fasses juste un petit signe, comme ça en passant… Peut-être un jour voudras-tu échanger avec lui de la même manière que nous discutons maintenant ? »
Marzena Devoud, journaliste
Extrait de „Carême 22“
aleteia.org
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