Il n’y a pas d’âge pour devenir enfant de Dieu.
Elle a dans les yeux comme un sourire, quelque chose de joyeux qui rejoint tous ceux qui croisent son beau regard. Une petite flamme qui s’anime plus encore quand elle dit, rayonnante: « Je vais recevoir le baptême. » Elle vient de fêter ses 16 ans dans une famille où Dieu est un étranger. Quand il n’est pas considéré avec hostilité. Sa mère n’est pas baptisée
, comme aucune des générations avant elle. Son père a bien fait sa première communion, mais il s’est fâché avec le Ciel pour des raisons personnelles et n’a pas souhaité que ses enfants soient élevés dans la foi catholique. Elle, elle a pourtant grandi avec une certitude: Dieu existe. Cela n’était ni une hypothèse ni une possibilité mais une conciction profonde. Alors, en secret, elle lui a parlé, sans arrêt.
Elle lui a confié ses peines et ses joies, ses inquiétudes, ses espoirs, sa famille. Elle lui a ouvert son coeur tout grand, sans jamais oser en parler à ses parents. Et sans jamais entrer dans une église, parce qu’elle ne s’y sentait pas autorisée.
Un jour, pour des raisons pratiques, ses parents l’ont inscrite dans une école catholique. Rapidement, en cours de cathéchisme, elle a compris qu’elle pouvait demander le baptême. Elle a alors ressenti une joie, comme un feu d’artifice en elle, que rien ne pouvait contrarier. Rien sauf ses parents. Elle a prié de toutes ses forces avant de leur en parler. Contrairement à ses craintes, elle a obtenu leur accord, avec un haussement d’épaules. Dans l’élan de cette autorisation, elle est allée voir sa grand-mère maternelle chérie pour lui annoncer la nouvelle. Et là, à son grand étonnement, sa grand-mère lui a confié dans le creux de l’oreille qu’elle aussi avait demandé le baptême… Elles se préparent donc ensemble à recevoir le baptême.
Parce qu’il n’y a pas d’âge pour devenir enfant de Dieu.
Anne-Dauphine Julliand, journaliste et écrivain
Panorama, février 2022

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