| „Le Christ ressuscité“, Arnaud Courlet de Vregille |
La démocratie surnaturelle instituée par le Christ est sans faille, sans retour, sans exception aucune.
Un « nuage d’inconnaissance » occultait bien la lumière qui, chaque matin, s’offrait à me guérir, à me laver. Et chaque matin, je la repoussais, lui préférant les fantômes de mes nuits, attendant d’eux je ne sais quelle révélation. Néanmoins, un certain matin que rien n’annonçait, elle se fit tout de même, cette lumière, se fraya un passage, doucement, sans fanfare. Dans la grisaille ordinaire d’un jour ordinaire, ce fut comme un rai de soleil au premier matin du monde. Au même instant, je sus, avec une sorte d’allégresse – certains de mes amis me traitèrent de fou et refusèrent d’en entendre davantage –, que la démocratie surnaturelle instituée par le Christ est sans faille, sans retour, sans exception aucune. Le criminel et l’enfant de chœur, la femme débauchée, le fils d’immigrés et l’héritier de bonne famille sont reçus selon leurs mérites ; l’ignare au même titre que l’homme bardé de diplômes ou l’autodidacte besogneux sont invités, logés à la même enseigne. Je sus également, mais beaucoup plus tard, que l’intelligence n’est pas une arme, offensive ou défensive. Que c’est la vérité qui l’appelle à se déployer et l’amour, à ne pas faillir. Cette lumière n’était pas abstraite. Elle ne s’évapora pas dans les brumes de mon ivresse retombée.
Patrick Kéchichian, ancien journaliste au Monde,
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