C’est pour eux, les marginaux et peut-être les criminels, que cet enfant est venu.
Qui peut contempler dans cet enfant de la crèche le visage de Dieu ? Les bergers venus des alentours. Parlons-en, des bergers ! Au rebours des représentations pieuses, ces bergers n’étaient peut-être pas des enfants de chœur. S’ils fuyaient la compagnie des hommes pour rester auprès de leurs bêtes, ce n’était peut-être pas seulement pour le charme champêtre des pâturages. Certains d’entre eux avaient peut-être quelque crime sur la conscience. Pourtant, à l’appel de l’ange, les bergers se lèvent comme un seul homme pour aller adorer l’enfant-Dieu dans la crèche. C’est pour eux, les marginaux et peut-être les criminels, que cet enfant est venu. Dostoïevski en a l’intuition dans ses Souvenirs de la maison des morts, où les bagnards du fond de la Sibérie, « outre la vénération innée qu’ils ont pour ce grand jour [Noël], pressentent qu’en observant cette fête, ils sont en communion avec le reste du monde, qu’ils ne sont plus tout à fait des réprouvés, perdus et rejetés par la société, puisqu’à la maison de force on célèbre cette réjouissance comme au dehors. Ils sentaient tout cela, je l’ai vu et compris moi-même. » Sous l’unique lumière de Jésus-Christ à la crèche, bagnards de Sibérie et bergers de Bethléem se rejoignent dans une commune vénération de leur Sauveur, celui qui leur communique par sa grâce la dignité que les hommes leur refusent.
Fr. Jean-Thomas de Beauregard, op
Contempler dans cet enfant de la crèche le visage de Dieu
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