Apôtre des Apôtres
Elle aime comme personne, cette Marie-là ! On lui a prêté tellement de vies, tellement d‘aventures qu‘elle ne sait plus elle-même vraiment qui elle est. Elle sait le désir qui, en elle, est si puissant qu‘elle ne peut le maîtriser. Ce désir qui la fait devenir tour à tour proie et objet, avant de provoquer son rejet et sa condamnation. Sa vie semblait ainsi faite entre attirance et excommunication, jusqu’à la rencontre. Était-ce le jour où l’homme qui dessinait sur la terre, pendant que la foule lui crachait à la gueule, l’avait relevée et rétablie ? Ou le soir de ce dîner dans un palais de la ville, où elle s’était glissée dans la suite de ce même homme pour, à la première occasion, baigner ses pieds de ses larmes parfumées? Était-ce ici ou ailleurs? La seule chose certaine est cette rencontre: un homme qui la relève et qui la dévoile dans toute sa beauté. Être aimée pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle montre d’elle: du même coup, elle découvre ce qu’aimer veut dire. Aimer à la folie, totalement, définitivement: elle devient Marie, la sainte amante.
Venue de Magdala, elle se retrouve au petit matin de Pâques dans le jardin à la recherche de l‘homme mort. Elle porte tout ce qu‘il faut pour que le corps de son bien-aimé soit une nouvelle fois recouvert des effluves de sa reconnaissance. Le tombeau vide pourrait sonner le glas de son espoir, s’il n’y avait toujours cet homme qui l‘appelle par son nom „ Marie „ et qui la fait alors apôtre des Apôtres. Cet homme éternel qui lui confie la mission de faire raisonner dans notre monde la Bonne Nouvelle du salut ! Jésus l’envoie en la repoussant: „ Ne me touche pas. „ Va, Marie Madeleine, va dire aux hommes qui se cachent pour pleurer que l’espérance désormais ne mourra plus ! Va afin que, le jour venu, tous puissent entrer dans la communion définitive à laquelle chacun est promis.
Si nous sommes à l’entrée du tombeau, déversant nos larmes sur nos vies, sur notre monde, entendons, nous aussi, cet appel de Celui qui ne meurt pas. Il fait de nous les messagers de sa Résurrection, qui rend possible notre propre éternité. Et méditons sur le fait, apparemment anodin mais si essentiel, que c’est une femme qui fut la première à le savoir et à en propager la belle joie.
Mgr Benoist de Sinety, diocèse de Paris
„Marie, la sainte amante“
panorama avril 2021
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