... et cette réalité est pour nous le chemin vers Dieu.
Jésus était au milieu des bêtes sauvages et des anges. Pourtant, ce petit verset est tout à fait déterminant pour notre chemin de carême.
Le carême nous invite, en effet, à fuir ce qu’il y a de bestial en nous : débordements de colère, d’envie, instincts mal maîtrisés… Tenir en respect la bête sauvage qui nous habite tous : sans doute avons-nous conscience que c’est là une des finalités du carême et qu’il y a, cette année encore, du travail pour y arriver !
Mais on aurait tort d’en rester seulement à cet aspect. Car le carême c’est autant éviter de ressembler à la bête sauvage qu’à l’ange. Étonnant, me direz-vous peut-être : les anges ne sont-ils pas des créatures spirituelles, si proches de Dieu, des créatures auxquelles nous devrions ressembler ? Eh bien, justement pas ! Le chemin du carême n’est pas fait pour ceux qui veulent rester au niveau du sol, mais il n’est pas fait non plus pour ceux qui veulent rêver trop vite à des altitudes inatteignables. N’imaginons pas que nous pourrions nous élever vers Dieu d’un coup de battement d’ailes. Nous ne sommes pas des créatures sans histoire ; acceptons que nos chemins humains soient souvent laborieux et tâtonnants. Ne rêvons pas non plus d’être de purs esprits ; nous sommes aussi faits de chair et de sang et c’est cette réalité qui est pour nous le chemin vers Dieu.
Le carême nous est offert pour apprendre à aimer ou, ce qui est la même chose, réapprendre à habiter notre humanité. Et être profondément humain, c’est se situer sur ce chemin de crête entre la bête sauvage et l’ange. Devenir un homme juste, c’est consentir à être juste un homme. Car c’est là que nous rencontrerons la main de Dieu qui nous élèvera jusqu’à Lui.
Fr Jacques-Benoît Rauscher, dominicain
carême dans la ville

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