5 février 2021

LA REPENTANCE ET LA GRÂCE

 


« On n’a l’expérience du bien qu’en l’accomplissant.

On n’a l’expérience du mal qu’en s’interdisant de l’accomplir ou, si on l’a accompli, qu’en s’en repentant. »

Simone Weil, philosophe


 « Suis-je le gardien de mon frère ? » ou : « J’ai péché contre le Seigneur ! »

Arrogance ou repentance 

Face au péché (au singulier), la Bible nous annonce que Dieu est amour et, face aux péchés (au pluriel), qu’il pardonne lorsque l’humain se présente en vérité devant lui. Le Premier Testament raconte l’histoire de deux grands criminels. Le premier s’appelle Caïn, et le second David. Quand Dieu est allé voir Caïn pour lui demander ce qu’il avait fait, il a répondu : « Suis-je le gardien de mon frère ? » (Genèse 4, 9). Lorsque Dieu a envoyé son prophète au roi pour dénoncer son comportement, David a répondu : « J’ai péché contre le Seigneur ! » (2 Samuel 12, 1-13). La différence entre Caïn et David tient en une phrase : « Suis-je le gardien de mon frère ? » ou : « J’ai péché contre le Seigneur ! » Par cette seule petite phrase, Caïn a été l’homme de l’arrogance et David celui de la repentance.

Le mot hébreu qu’on traduit par repentance, techouva, signifie retour – retourner vers Dieu – et réponse, répondre à la grande question que Dieu pose à notre vie. Le mot grec, métanoïa, signifie changement de pensée : elle implique une conversion de vie et de regard sur les gens et les choses. 


Que faisons-nous de la grâce ?

De cette articulation, nous pouvons tirer trois conséquences. Elle explique ce que Luther a voulu dire lorsqu’il a déclaré que le chrétien était à la fois juste et pécheur. Juste parce qu’il est aimé ; et pécheur, car il reste un humain contradictoire. Si la grâce est venue jusqu’à nous, elle s’inscrit au commencement de la démarche de foi. Que faisons-nous des moments de grâce, de beauté et bonté, qui sont venus jusqu’à nous ? La foi est un chemin de reconnaissance, dans tous les sens du terme, au-delà des obscurités qui nous traversent. 

Si en Jésus-Christ, la grâce est première, nous sommes interrogés sur notre rapport au bien. Le théologien Jürgen Moltmann a écrit : « Ce qui accuse le croyant, ce n’est pas le mal qu’il fait, mais le bien qu’il omet de faire, ce ne sont pas ses méfaits, mais ses négligences. » Dans ce registre, nous sommes tous pécheurs, tous appelés au changement de comportement… et tous pardonnés. 


Antoine Nouis, pasteur de l’Église réformée de France

croire.com

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