Croire en Dieu, c'est accepter de se mettre en route.
Imaginez le Christ à genoux pendant 40 minutes au milieu de tous les paumés de la terre, avec, à côté de lui, une pancarte où l'on peut lire : « Sans domicile fixe». Imaginez ensuite une sorte de va-et-vient entre la vie d'aujourd'hui et la vie de l'époque de Jésus. Trente-quatre scènes de la vie de Jésus dont la plupart pourraient se passer aujourd'hui. Mon objectif est de montrer que le message des Évangiles n’est pas un vieux truc poussiéreux pour bonnes sœurs attardées, mais qu'il s'agit bien de paroles de feu qui nous concernent tous, aujourd’hui, dans la cacophonie de ce monde totalement malade de ne plus croire à l'amour. Je veux finalement dire une chose incroyable, inimaginable : le Christ est vraiment ressuscité et il vit parmi nous aujourd'hui. Comme le dit mon ami Monseigneur di Falco, dans le texte qu'il a bien voulu écrire sur mon spectacle : «Que nous soyons au fond du trou, que nous nous sentions minables, sales, laids, honteux et misérables au point de douter de nous-mêmes, reste Quelqu'un qui ne doute pas et continue de croire en nous, c'est le Christ.»
Je crois que le Christ n'a, aujourd'hui, plus d’autres mains que les nôtres pour transformer le monde. Les mains du Christ, le regard du Christ, la tendresse du Christ doivent désormais passer par nos mains, nos yeux et notre cœur… Jésus ne nous demande qu'une chose : « Venez m'aider à vous sauver ». D'une certaine manière, je crois que sa résurrection dans notre propre vie dépend de nous. À nous de le faire vivre dans nos existences, à nous de lui faire de la place… J'aime Gorki, lorsqu'il dit: «Si tu y crois, il existe. Si tu n'y crois pas, il n'existe pas».
Si Dieu n'existe pas, nous sommes cuits ! Nous ne sommes pas assez mûrs pour nous assumer nous-mêmes. Nous avons absolument besoin de Dieu car nous avons besoin d'être sauvés. Comment vivre sans amour de Dieu qui vient sans cesse nous pardonner malgré notre incapacité à aimer, nos infidélités, nos courses stupides à la gloriole, au pouvoir et au fric. Vous me demandez si je crois en Dieu ? Je veux vous répondre que j'y crois tellement qu'il finira bien pas exister ! Mais ne rêvons pas à un paradis céleste que nous n'aurions pas commencé à bâtir sur la terre. Ce n'est pas Dieu qui est responsable de la misère, c'est l'homme. Alors arrêtons d’engueuler Dieu pour les combats que nous devrions mener nous-mêmes. Croire en Dieu, c'est accepter de se mettre en route, la route difficile de la fraternité humaine, la seule voie possible avant notre mort.
Robert Hossein, 1927-2020, metteur en scène
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