22 décembre 2020

QUAND LA GRÂCE SE MANIFESTE

 



Il a réveillé mon âme somnolente.

J’avoue que le Verbe s’est manifesté à moi aussi, et à plusieurs reprises. Souvent il est entré en moi, mais pourtant jamais je n’ai senti cette entrée. J’ai senti qu’il était là, je m’en souviens ; et j’ai même pu pressentir une fois ou l’autre son arrivée, mais non pas la sentir, pas plus que son départ. D’où venait-il, où repartait-il en quittant mon âme, par où est-il passé pour entrer ou sortir, j’avoue que je l’ignore encore, comme il est écrit : « Tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va »(Jn 3, 8).

Assurément, il n’est pas entré par mes yeux, car il n’a pas de couleur ; ni par mes oreilles, car il ne fait pas de bruit ; ni par le nez, car ce n’est pas à l’air qu’il se mêle, mais à l’esprit… Par où est-il donc entré ? Comment ai-je su qu’il était là ? Le Verbe est vivant et efficace (Hb 4, 12) ; sitôt entré, il a réveillé mon âme somnolente ; il a remué, adouci et blessé mon cœur qui était dur comme pierre et maladif. Il s’est mis aussi à arracher, à détruire, à construire et à planter, à irriguer un sol desséché, à illuminer des régions ténébreuses, à forcer des cachettes, à enflammer des parties gelées ; il a aussi redressé des voies tortueuses et aplani des chemins défoncés, si bien que mon âme a béni le Seigneur, et que tout en moi a chanté son saint nom. Oui, c’est au mouvement de mon cœur que j’ai compris que le Verbe était là.


St Bernard de Clairvaux,  († 1153), moine de Cîteaux,

méditation quotidienne 

MAGNIFICAT


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« Un pays lointain : telle est la définition de notre condition humaine que nous devons assumer et faire nôtre, quand nous commençons à marcher vers Dieu. L’homme qui n’a jamais fait cette expérience, ne fût-ce que très brièvement, qui n’a jamais senti qu’il est exilé de Dieu et de la vraie vie, ne comprendra jamais ce qu’est le christianisme. Et celui qui est parfaitement 'chez lui' en ce monde et dans la vie de ce monde, qui n’a jamais été blessé par le désir nostalgique d’une autre réalité, celui-là ne comprendra jamais ce qu’est le repentir. » 

Alexandre Schmemann, Le grand Carême, Éditions Monastiques, Spiritualité orientale 

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