Et si le Christ était noir ?
"Être blanc, c’est ne pas être obligé d’y penser". Cette formule reprise
sur tous les réseaux sociaux, enflammés par les mouvements que nous connaissons, oblige à réfléchir. (...) La couleur de la peau porte en elle-même un discours théologique, la"théologie noire". Une théologie formulée par les Noirs au creux de leur expérience, de leur souffrance, de leur espérance, et de leur libération. Une théologie aussi de la "peau". Alors que le blanc symbolise la pureté et la grâce, le noir, lui, évoque le péché et la souillure. Comment alors ne pas penser que cette symbolique dominante a eu des consé- -quences psychologiques catastrophiques pour les Noirs ? Quel courage il aura alors fallu à Harriet Tubman, la Moïse, ou encore à la jeune Joséphine Bakhita, pour se croire aimées de Dieu et se libérer ainsi de leur condition d'esclaves ? Il reste aux Blancs à se convertir à la négritude, c'est-à-dire à la souffrance de Dieu dans la vie du monde" ?
Sophie de Villeneuve, newsletter
croire.com 19/06/2020
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«Si nous voulons comprendre comment un peuple peut exprimer la
totalité de sa démarche humaine dans une expression musicale religieuse, il faut nous mettre à l'école de la communauté noire américaine. Parce qu'il porte trace de toutes les blessures et de tous les rêves de la collectivité, le Spiritual atteste les trois grands chemins d'humanisation qui ont mobilisé les esclaves de la chrétienté occidentale. Mieux encore, quand on s'est laissé prendre par lui, le chant réalise ces chemins, il opère le déplacement de la communauté du côté de la liberté, de la rencontre et de la foi. Quand Dieu est à vos côtés, la vie n'est plus tout à fait ce qu'elle était»
Les Negro-spirituals ne sont pas des chants de désespoir. «Ces
chants expriment une foi vécue dans un contexte terrible d'exploitation et de négation humaine. Mais ils révèlent aussi la découverte d'une espérance donnée par un Dieu qui promet la libération à son peuple»
Les chants des Noirs sont une lave brûlante sortie des entrailles de fem-
-mes et d'hommes opprimés. Ces chants sont des joyaux de la piété noire. Ils constituent d'extraordinaires affirmations du salut et de l'humanité noire au sein des frustrations d'un monde implacable. Ils sont la réponse, tantôt inquiète, tantôt confiante, d'une communauté croyante écrasée à sa situation d'oppression.
Bruno Chenu ou «l'option préférentielle pour les Noirs» (extrait)
croire.com 19/06/2020
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