La croissance spirituelle, du concours d’obstacles au chemin d’épanouissement.
Si croître spirituellement constitue un engagement de tout l’être, cette progression n’a pourtant rien à voir avec une performance.
Le pape François dans son exhortation apostolique Gaudete et exsultate (2018) : « Et parmi les saints, il peut y avoir notre propre mère, une grand-mère ou d’autres personnes proches. Peut-être leur vie n’a-t-elle pas toujours été parfaite, mais, malgré des imperfections et des chutes, ils sont allés de l’avant et ils ont plu au Seigneur. »
« Il n’y a pas un chemin type, confirme le père Bruno Régent, jésuite, il y a mon chemin de vie. De là où je suis, quel est le pas que je peux faire aujourd’hui ? Je reviens au même endroit, mais avec un peu plus de profondeur. En dépit des épreuves de tous les jours, comment je fais pour être un vivant ? ». Autrement dit, comment se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint qui nous libère de nos inquiétudes, de notre image, de la peur.
« La vie n’est pas une image mais un film, elle est mouvement, explique le père Michel Bacq, jésuite belge. » Certes, il y a des obstacles : « Nous ne maîtrisons pas nos pensées. Mais nous sommes libres de chasser les obstacles. Quelle est la voie qui va vers plus de vie ? Nous avons des ressources humaines, spirituelles et divines auxquelles nous pouvons puiser mais nous n’osons pas trop y croire. »
Geneviève Comeau religieuse xavière, décrit « la croissance spirituelle comme le passage progressif de l’idéal au réel . L’image que j’ai de moi-même, des autres, de l’Église, va tomber pour me permettre de consentir au réel, pour dégager en moi la source. C’est au prix de nos idéaux délaissés que nous pouvons accéder à la liberté intérieure, et ce n’est jamais tout à fait gagné :
« Accepter nos pauvretés se demande dans la prière et nous demande aussi d’être vigilant ».
La croissance spirituelle se joue au plus intime de chaque être : il n’y a pas de modèle. « Croître, ce n’est certainement pas devenir un autre », insiste le père Raphaël Buyse, prêtre du diocèse de Lille, qui rappelle cet échange entre Rilke et un jeune poète : « Est-ce que ce que j’écris est bon ? », s’inquiète Franz Kappus. « C’est une fausse question, répond Rilke, demandez-vous plutôt si vous pouvez vivre sans écrire. » Il en est de même dans la vie spirituelle : « La croissance spirituelle, c’est permettre à la personne de rejoindre son cœur le plus profond, ce sans quoi elle ne serait pas elle-même. » Le seul désir de Dieu, c’est que nous devenions ce que nous désirons être… Ce n’est pas si simple : « Il y a de la vase dans nos profondeurs, des tourbillons, des envies de surface qui gênent le forage vers notre désir intime…
Loin d’être un chemin paisible, croître spirituellement vient décaper les couches superficielles pour accéder au cœur de l’homme. Ce n’est pas l’accumulation mais davantage de dépouillement qui fait avancer . Il nous faut nous défaire d’un certain nombre d’attaches pour permettre que la vie du Christ se déploie en nous. C’est un lent travail d’affinage, de purification. »
Paradoxalement, plus le Christ vit en nous, plus nous devenons nous-mêmes . Comment le savoir ? Il n’y a pas de baromètre de la croissance spirituelle, pas de signe extérieur pour authentifier cette progression. Si ce n’est l’hymne à l’amour que saint Paul adresse aux Corinthiens : « Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien… » (1 Co 13).
Christophe Henning, journaliste chef du service religion du groupe Bayard
Extrait de « Croître spirituellement «
seraphim-marc-elie.fr
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