15 octobre 2019

LA FOI, UNE FLAMMÈCHE SI FRAGILE







Il nous faut renoncer à savoir qui est Dieu.

Il échappe sans cesse à nos tentatives de l’enfermer dans nos mots et nos pauvres définitions, toujours autre que ce que nous voudrions qu’il soit, à la fois proche et ailleurs. Il nous faut, je crois, renoncer à savoir qui est Dieu. Accepter qu’il ne se dévoile que subrepticement.
Accepter les doutes, les intermittences de la foi. Accepter de vivre cette énigmatique solitude mystérieusement reliée que nous partageons avec tous les croyants. La foi qui est la mienne n’est pas de l’ordre d’une certitude scientifique ou intellectuelle. Elle laisse place à une forme d’inquiétude qui me pousse sans cesse à chercher, à avancer vers Celui que je ne connais pas...
(...) Je ne dirai pas que ma foi se perd, plutôt qu’elle s’ensable. Les ornières dans lesquelles s’embourbe ma foi sont, plutôt que les affres d’une nuit mystique, de l’ordre de l’habitude : aller à la messe sans mesurer l’immensité du mystère qui s’y dévoile, réciter le credo ou le Notre Père par automatisme, s’installer confortablement dans une molle identité catholique rassurante, faire semblant de croire que la foi serait un acquis et non un combat à mener chaque jour contre l’ensommeillement de l’âme. Les personnages de mes romans affrontent le doute et la nuit et dénoncent l’absurde prétention à savoir qui est Dieu. La foi est une flammèche si fragile qu’elle devrait nous dispenser de toute arrogance. Lorsque ma foi s’ensable, je sais qu’il me faut revenir à la Bible, au silence, à la prière...

Philippe Leguillou, écrivain
Extrait de l’interview « La prière se tisse en moi « 
Prier, septembre 2018

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