8 août 2019

QUEL EST DONC CELUI-CI ?



La Transfiguration 

Il n’est pas l’un de nous, mais nous, nous avons à devenir siens.

Du fait que les éléments obéissent au Seigneur, [les disciples] concluent que le Seigneur est autre. Ainsi surgit de leur angoisse la question inquiète : qui est-il donc ? Qu’il vienne de Nazareth, qu’il ait été charpentier, qu’il les ait appelés et éduqués sont des faits acquis, indubitables. Et pourtant il est autre. Dans une relation tout humaine avec le Seigneur, il y a le danger, auquel les disciples ont succombé, de penser qu’on pourrait le cerner, de croire qu’il est vraiment leur semblable.
Qui est-il ? Un autre ; il n’est pas l’un de nous, mais nous, nous avons à devenir siens. Il est Unique, il est tout entier, il est indépassable et nous sommes en ­chemin vers lui, parce que nous lui avons dit oui.
Il serait bon que nous ressentions toujours à nouveau quelque chose de cette crainte et soyons forcés de demander : « Qui est-il celui-là ? » Il serait bon que nous ne nous contentions jamais de ce que nous comprenons, méditons, prions dans l’offrande de notre vie au Seigneur, mais que nous soyons constamment forcés de demander : « Qui est-il celui-là ? » Ne nous lassons pas d’être complètement dépassés, et ce sans calcul ni attente précise, mais dans un saisissement élémentaire : « Qui est-il celui-là ? »

Adrienne von Speyr, laïque et médecin suisse,  († 1967)  
magnificat

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À une époque pas si lointaine, la publicité de certaines lessives assurait que ces dernières lavaient « plus blanc que blanc ». Ce qui a conduit l’humoriste français Coluche à s’interroger : « je n’ose plus changer de lessive, j’ai peur que ça ne devienne transparent après ». 
Qu’aurait dit alors notre humoriste de cette blancheur attachée aux vêtements de Jésus ? Peut-être aurait-il compris que la vraie blancheur, comme cette lumière qu’évoque l’évangile de la Transfiguration, sont des dons qui signalent un autre monde et en ouvrent la connaissance.
Mais pas un monde nécessairement autre : Pierre, Jacques et Jean voient de leurs yeux de chair, fût-ce de manière très fugitive, ce monde nouveau se présenter devant eux.
Et le terme de Transfiguration le dit bien à sa manière : il ne s’agit ni de révolution, ni de transformation, mais d’un monde déjà là, tout à la fois présent et caché, qui se révèle à travers la figure de notre monde. 
Ce qui justifie le désir spontané des disciples de garder à portée de main, ou plutôt de cœur et d’yeux, ce trésor inattendu.
Mais ce qui leur était demandé, comme cela est demandé à tous les disciples de Jésus, n’est pas de conserver à titre personnel cette révélation d’un autre monde, mais de la faire apparaître et grandir autour d’eux afin que s’ouvrent non pas les yeux de chair, mais ceux du cœur sur toutes les lumières et les blancheurs cachées de notre monde.

Méditation sur Mt 17, 1-8
par Frère Hervé Ponsot, dominicain 


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