23 juin 2019

DIEU EST-IL INQUIET ?



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 Nos pensées sont aussi proches de celles de Dieu que la terre l‘est des confins de  l‘univers.

Comme beaucoup, j'ai une sournoise tendance à l'anthropomorphisme : je projette sur Dieu mes émotions, mes pensées, mes désirs. « Si Dieu nous a faits à son image, nous le Lui avons bien rendu », raillait Voltaire ! Méfions-nous des images « taillées et sculptées » dans la pierre de notre psychologie humaine (Dt 4, 16). Quoiqu'elles soient fort élevées, n'est-ce pas, nos pensées sont aussi proches de celles de Dieu que la terre l'est des confins de l'univers ­ qui n'en a point puisqu'Il est en constante expansion. Bref, on se met à la place de Dieu et on n'en a pas les moyens. « Ses pensées ne sont pas [nos] pensées, ses voies ne sont pas [nos] voies » (Is 55, 8).
Dieu est ineffable, au-delà de nos vaines agitations. Même notre salut ne L'inquiète pas, Il a envoyé son Fils unique pour nous sauver et nous révéler son amour et l'infini de sa miséricorde, que pouvait-Il faire de mieux ? « Dieu s'est fait homme pour que l'homme soit fait Dieu » (saint Athanase) : voilà tout le contraire de l'anthropomorphisme et le secret de notre salut.
Cette Bonne Nouvelle est pour tous car, nous dit saint Paul, « Dieu veut que tous soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 4). Tous sont libres de choisir ou non de répondre à son amour et de vivre avec Lui pour l'éternité ; cette liberté représente un sacré risque, mais ce risque, Dieu l'assume dans une parfaite quiétude.
Ce n'est effectivement pas Dieu qui s'inquiète d'un rien, c'est l'homme. Jésus s'en étonne, d'ailleurs : « Ne vous inquiétez pas tant ! » (Lc 12, 11 et 22), répète-t-Il à ses disciples. Comme Marthe, nous nous inquiétons de bien des choses, sans toujours viser l'essentiel. Le souci du salut ­ le nôtre, celui de nos proches et de tous les hommes ­ ne nous inquiète pas forcément autant qu'il le devrait. Nous sommes responsables de nos frères et leur bonheur céleste devrait nous soucier au moins autant que leur bonheur terrestre. Aux vaines inquiétudes, aux soucis passagers, ajoutons l'inquiétude du salut, elle seule est nécessaire. Inquiétons-nous en toute... quiétude, c'est-à-dire en faisant ce qui dépend de nous et en remettant à Dieu le reste : sa grâce agissante et sa miséricorde ne font jamais défaut à ceux qui s'y confient.

Juliette Levivier, théologienne 
Extrait du billet «  Dieu est-Il inquiet? »


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