16 mai 2019

DE LA BEAUTÉ



Image Elanor Flamel


La beauté est aux choses ce que la sainteté est à l’âme.


Le philosophe Platon disait : « Tout ce qui est est vrai, bon et beau. » La théologie s’est beaucoup intéressée au vrai et au bon, mais beaucoup moins au beau. Pourtant, la beauté devrait être un sujet important pour elle. Les Pères de l’Église le savaient, et rejoignaient les pensées de Platon et de Plotin selon lesquelles Dieu est la beauté même, la beauté originelle et absolue. À chaque fois que nous rencontrons la beauté, nous rencontrons Dieu et nous admirons sa beauté.
(...) Il n’y a que celui qui peut s’oublier lui-même qui peut contempler la beauté, car on ne peut pas la posséder ou la garder pour soi. La beauté ne peut être reconnue que par celui qui la laisse exister tandis qu’il la contemple et l’admire.
Au XIXe siècle, dans l’Idiot, Fiodor Dostoïevski se demandait si la beauté sauverait le monde. Car, lorsque nous sommes capables de la contempler et de la laisser produire son effet sur nous, elle nous sauve et nous guérit. C’est pour cela que le beau est bien supérieur à l’utile. Lorsque toute chose est jugée en fonction de son utilité, comme c’est de plus en plus souvent le cas, l’homme devient malade. Il a besoin de la beauté pour bien vivre.
(...)  La fascination pour la beauté, même chez un non-croyant, est une nostalgie de la beauté absolue. C’est pour cela que cette sensibilité au beau peut constituer un chemin vers Dieu. Au XXe siècle, la philosophe Simone Weil le souligna dans la période où elle était engagée auprès des ouvriers. Pour elle, transmettre cette attention au beau pouvait leur permettre de développer une sensibilité pour la dimension religieuse de la Création. D’autant que c’est une dimension commune à tous les hommes, quelle que soit leur instruction. La beauté pouvait redonner une dignité à ces personnes qui travaillaient souvent dans des conditions inhumaines. La beauté nous offre un îlot de calme et d’harmonie dans nos vies mouvementées.
Partager l’expérience de la beauté est donc un bon point de départ pour parler de Dieu et de l’expérience que nous en faisons, sans risquer d’effrayer l’autre avec des phrases dogmatiques. Devant la beauté, nous sommes ensemble en chemin vers Dieu, qui se montre à nous. Pour Simone Weil, il n’existe pas de preuve plus flagrante de l’existence de Dieu que la beauté du cosmos. C’est donc le signe d’une spiritualité véritable que de l’aimer. « La beauté est aux choses ce que la sainteté est à l’âme », affirmait-elle.
Tout cela nous invite à développer une spiritualité de la beauté susceptible de parler aux hommes de notre expérience de Dieu, Lui qui nous touche au plus profond et se montre à nous comme un père aimant voulant nous remplir de joie.

Anselm Grün, bénédictin
« Les miroitements du Verbe »


PRIER MAI 2019

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