Dieu parle par le frère qui n’est pas semblable.
« Chrétiens et musulmans, nous avons un besoin urgent d’enter dans la miséricorde commune. Une « parole commune » qui nous vient de Dieu nous y invite. C’est bien la richesse de sa miséricorde qui se manifeste lorsque nous entrons modestement dans le besoin de ce que la foi de l’autre nous en dit, et, mieux encore, de ce qu’il en vit. Cet exode vers l’autre ne saurait nous détourner de la Terre promise, s’il est bien vrai que nos chemins convergent quand une même soif nous attire au même puits. Pouvons-nous nous abreuver mutuellement? C’est au goût de l’eau qu’on en juge. La véritable eau vive est celle que nul ne peut faire jaillir, ni contenir. Le monde serait moins désert si nous pouvions nous reconnaître une vocation commune, celle de multiplier au passage les fontaines de la miséricorde. »
Christian de Chergé
In « L’invincible Espérance »
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J’ai bien connu les communautés chrétiennes algériennes. des religieux et des religieuses professeurs, infirmières, visiteuses de prison, bibliothécaires, intégrés à la vie du peuple, fraternels et joyeux. Pour la plupart, ils étaient venus à l’indépendance pour participer à l’élan de ce nouveau pays, pour être l’Église algérienne au service des habitants, musulmans en majorité, sans intention de les convertir au
christianisme. Ils n’étaient pas de passage. Ils étaient des témoins permanents que le pluralisme est possible et que la vraie fraternité se nourrit de la différence. Paradoxalement, sa mort a permis que la vie de ce moine, Christian de Chergé, retiré apparemment du monde rejaillisse sur le monde, que soit reconnue son invincible espérance que Dieu parle par le frère qui n’est pas semblable. « C’est en tant qu’il est autre, étranger, musulman, qu’il est mon frère. » Ce témoignage-là n’est pas de
mort, il est de vie.
christianisme. Ils n’étaient pas de passage. Ils étaient des témoins permanents que le pluralisme est possible et que la vraie fraternité se nourrit de la différence. Paradoxalement, sa mort a permis que la vie de ce moine, Christian de Chergé, retiré apparemment du monde rejaillisse sur le monde, que soit reconnue son invincible espérance que Dieu parle par le frère qui n’est pas semblable. « C’est en tant qu’il est autre, étranger, musulman, qu’il est mon frère. » Ce témoignage-là n’est pas de
mort, il est de vie.
Christian de Chergé est un témoin d’une vie patiente, discrète, donnée instant après instant, aux côtés de frères dont l’altérité même est langage de Dieu. Le monde entend-il ce don d’amour gratuit, cette invitation à la communion à travers les différences? Je crois que nous sont adressés, à chacun personnellement, les derniers mots de Chistian de Chergé lors d’une retraite à Alger, quelques jours avant sson enlèvement : « Ces relations sont encore balbutiantes car nous n’avons pas encore vécu à leurs côtés. »
Christine Ray, écrivain et présidente de l’association Écritures & Spiritualités
Extrait de son commentaire « Point de vue »
panorama février 2019
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