Le fossé ne se trouve pas entre la vie contemplative et le monde. Le vrai fossé, c'est entre ceux qui ont une vie intérieure et les autres. La vie contemplative, c'est un espace de liberté au-dedans de soi. Certains y ont accès et d'autres pas. Si on a zéro vie intérieure, on n'entendra jamais l'appel du Seigneur. Bernanos : « On ne comprend rien à la civilisation moderne, si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. » Heureusement, Dieu sait vaincre toutes les conspirations contre Lui. Par amour. « La vocation, c'est Dieu qui parle au travers du désir de mon coeur, explique le Père Geoffroy Kemlin, prieur de l'abbaye de Solesmes. On imagine à tort que l'appel de Dieu est contradictoire avec notre liberté. C'est tout le contraire. Dieu sait mouvoir notre coeur sans lui faire violence. »
Mais l'amour a ses raisons que la raison ne comprend pas toujours. « La vocation, c'est toujours un pari fou », confie le Frère Guiorgui, 24 ans, depuis onze mois à Solesmes. « Le chemin de Dieu est incompréhensible et chaque vocation est totalement personnelle, poursuit-il avec sagesse. Vous ne trouverez pas un seul moine pareil à un autre. » Il ajoute : « La vocation n'est pas une affaire de calcul. Il ne faut pas trop raisonner, mais beaucoup prier. Si nous voulons des réponses à tout, nous n'avancerons pas. Si Dieu a mis ce désir dans mon coeur, il saura me faire avancer et découvrir sa volonté peu à peu. »
Le forfait est gratuit, comme l'avait compris l'écrivain Antoine de Saint-Exupéry : « Au fond il n'existe qu'un seul et unique problème sur terre. Comment redonner à l'humanité un sens spirituel, comment susciter une inquiétude de l'esprit. Il est nécessaire que l'humanité soit irriguée par le haut et que descende sur elle quelque chose comme un chant grégorien. »
Samuel Pruvot, journaliste
famillechretienne.fr no 2125 oct.2018
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