22 octobre 2018

CE PETIT COIN DE TERRE OÙ JE DOIS ÊTRE






" Fleuris là où tu as été plantée. "  
Saint François de Sales, fondateur de l'ordre de la Visitation

Je me désole que le feu chrétien brûle mal. Nous avons perdu le sens de l’amour, de ce seul nécessaire que les incroyants nous réclament comme un bien que nous avons reçu pour eux.
Ils savent mieux que nous ce que nous avons à faire. J’éprouve un immense besoin de métamorphose pour moi ou pour d’autres, afin qu’il y ait en France quelque part des gens absents d’eux-mêmes et complètement passés dans le bien de tous. J’ai été très heureuse de me fourrer dans le petit coin de terre où je dois être. C’est bon de penser que c’est par leur petite racine, si localisée, que les plantes tiennent à toute la terre, les grands nuages n’en couvrent qu’un morceau. Être tout à fait là où l’on est, c’est le grand secret pour être partout.

Madeleine Delbrêl, assistante sociale
Extrait de correspondance, 1942
panorama octobre 2018

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Je me souviens être allé rencontrer les dernières compagnes de Madeleine Delbrêl. (...) Madeleine m’a aidé dans ma mission plurielle. J’avais, moi aussi, à m’enraciner quelque part. Je trouve une note eucharistique dans cette lettre [ci-dessus] de Madeleine, c’est le mystère de l’amour. Jésus s’est donné aux hommes dans un petit coin du monde et sa vie a rejoint quantité de gens. Accepter de faire ce que nous avons à faire là où nous sommes nous branche dans une universalité d’amour qui trouve sa vérité, sa vocation.
Nous sommes souvent tentés de penser que l’amour qui nous rend présents à nos proches est un amour naturel: il est naturel d’aimer son conjoint et ses enfants.
Si nous avons des voisins, des collègues de travail, ce sont les circonstances de la vie qui nous ont rapprochés. Madeleine ne le nie pas. Et pourtant, l’amour qui nous lie est un amour donné par Dieu. C’est Dieu qui nous envoie vers eux. Alors que nous n’opérons aucun déplacement pour vivre auprès d’eux, il faut nous déplacer intérieurement, rencontrer Jésus, pour les aimer dans le Christ. Pour cela, Madeleine entend à la lettre l’appel de Jésus à prendre sa propre croix « si tu veux me suivre ». Elle commente: « La charité qui est branchée sur la Croix a comme d’avance enjambé l’onstacle. »
Je constate que Madeleine touche beaucoup de jeunes adultes. Parmi ses Amis, il y a un tout groupe de jeunes de Belgique, de Bretagne, du Liban. À tous, Madeleine continue de faire du bien...

P. Gilles François, postulateur en cause de béatification de Madeleine Delbrêl 
Rubrique Point de vue 
panorama octobre 2018

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