19 septembre 2018

TROIS BÉATITUDES






Il y a des pages d’Evangile qu’on voudrait et qu’on devrait apprendre par cœur. (...) Ainsi la parole de Dieu opèrera toute sa force et fera de nous des vivants.
A titre d’illustration, je reprends trois des Béatitudes. La première parce qu’elle est première et semble être la toile de fond de tout ce qui suit. « Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume de cieux est à eux. *»  La pauvreté dont il s’agit ici est l’attitude fondamentale à laquelle Jésus ne cesse d’appeler. Nous avons à nous défaire de nous-mêmes en premier lieu. Ce n’est pas une pauvreté qui se mesure à l’épaisseur de la dette ou à la misère de l’habillement. Il s’agit bien plutôt d’une dépossession de soi qui est une condition d’ouverture aux autres, d’ouverture à Dieu. Celui qui est trop riche de soi, trop riche de ses possessions n’a ni le temps ni le goût de s’intéresser à autre qu’à lui-même il est encombré par sa personne. Etre pauvre de soi est une première béatitude qui nous rend libres pour nous attacher à Jésus. « Heureux les pauvres... le Royaume est à eux. »
Le jeune homme riche de l’Evangile questionnait sincèrement Jésus après avoir suivi les commandements, que me manque-t-il pour obtenir le Royaume? Jésus l’invite à la dépossession « Va, vends, donne aux pauvres, viens, suis-moi. » Il te manque d’être en manque.
 « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. » Là aussi, ne nous trompons pas. De quelle pureté s’agit-il ? Autre chose que d’une pureté morale qui garderait la conscience toute nette devant Dieu. Notre vocation fondamentale est de retrouver la perfection de l’image de Dieu dans laquelle nous avons été créés. Et nous, chrétiens, sommes porteurs de cette espérance-là. Nous avons à partager à nos frères, à l’humanité toute entière la signification ultime de tout être humain : devenir pleinement enfant d’un Dieu qui nous aime et nous attend. Cette espérance est une mission urgente. C’est cela la pureté dont parle St Jean : « Quiconque met en lui une telle espérance se rend pur. »
Je ne fais que suggérer une troisième béatitude. Nicolas de Flue dont nous célébrons le 600ème anniversaire nous conduit à méditer la béatitude des faiseurs de paix. Homme de son temps, politique, militaire, juge, paysan, père de famille, il est patron de la Suisse au titre de protecteur du pays, artisan de paix. Réapprenons de lui à être des bâtisseurs de paix.

Mgr + Jean-Marie Lovey Evêque de Sion
Extraits d’homélie du 1er novembre 2017
« Trois Béatitudes « 

* Ne confondons pas la pauvreté de coeur, qui est une vertu, avec la pauvreté du coeur qui est un manque,  une maladie, un handicap. Note à l'attention des non-francophones. (ndlr) 

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