11 août 2018

SOLJENITSYNE : «  ILS AVAIENT OUBLIÉ DIEU. »



« La Russie a subi un grand désastre pour avoir oublié Dieu; 
voilà pourquoi tout cela est arrivé. » (citation)


« Sur la paille pourrie de la prison, j’ai ressenti pour la première fois le bien remuer en moi. J’ai découvert peu à peu que la ligne séparant le bien et le mal passait non entre les États, entre les classes sociales, entre les partis politiques, mais traversait le coeur de chacun, traversait tous les coeurs. »  (L’archipel du Goulag (...) Cette expérience intime est née à la fois du dénuement vécu en prison et de sa temporalité lente, sans but.  Cet intellectuel soviétique comprit dans ces conditions que l’homme pouvait rester libre et digne dans un contexte d’oppression en refusant de se compromettre par peur de menaces ou recherche d’avantages. Il s’agissait pour lui de s’engager sur « la voie des âmes simples et paisibles », attentive à l’Esprit, soucieuse d’une façon d’être plus que d’une efficacité du faire. 
Dans ses livres, ses héros n’entrent pas dans le jeu et refusent de se laisser intimider et de donner des gages à l’idéologie dominante et oppressive. « Quoi de plus précieux au monde? Être conscient de ne pas prendre part aux injustices. Elles sont plus puissantes que toi, mais qu’elles ne passent pas par toi. »
Ne pas participer en quoi que ce soit au mensonge officiel: c’est le mot d’ordre que Soljenitsyne laissa en URSS avant son exil. Il s’agissait pour lui de vivre selon sa conscience et de refuser de la 
trahir par un vote, un écrit, une attitude, la reprise d’un slogan... Ceux qui respectaient ce programme se virent refuser certaines études ou perdirent leur travail. Mais « vivre selon la vérité «  était pour l’écrivain russe « le seul choix pour  l’âme. »
Au lieu d’encenser le monde occidental qui l’avait accueilli, il l’engageait à un examen de conscience en dénonçant notamment un manque de courage des élites, une anthropologie qui niait la présence du mal en l’homme et le matérialisme qui étouffait la vie intérieure. Le but de l’existence était au contraire, insistait-il,  une élévation sprituelle. (À lire: Le déclin du courage, d’Alexandre Soljenitsyne)
Soljenitsyne, qui avait retrouvé la foi, vécut son oeuvre comme une mission. Il se sentait mystérieusement soutenu, comme en témoigne sa célèbre prière écrite en 1963:
« Tu m’envoies la certitude claire que tu existes et que tu prends soin que toutes les voies du bien ne restent pas fermées. Parvenu à la crête de la gloire humaine, je me retourne sur le chemin parcouru à travers le désespoir, à ce point d’où j’ai pu renvoyer à tous les hommes un reflet de tes rayons. Et tant qu’il sera nécessaire que je les reflète encore, tu me donneras de le faire, mais si le temps me manque, c’est qu’à d’autres tu l’auras accordé. »
Jean Langlais (1907-19919 compositeur et organiste
"Alexandre Soljenitsyne" Extraits)
famillechretienne.fr

* Soljenitsyne (1918-2008), écrivain, disssident russe

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