Depuis quelques années, nous assistons à l’émergence d’un nouveau trouble de l’alimentation : l’orthorexie, ce désir pathologique et obsessionnel d’intégrer toujours des aliments sains, purs. Par peur de verser dans la malbouffe, bien des personnes souffrent donc d’orthorexie et veillent de manière excessive à ce qu’elles mangent. Bien entendu, il est bon de nourrir son corps sainement… mais qu’en est-il de notre esprit, de notre volonté ? Sommes-nous toujours attentifs et cohérents face à nos faims spirituelles, à nos nourritures affectives, à nos aspirations profondes ? La question est donc aussi simple que cruciale : de quoi ai-je faim ? Qu’est-ce qui me fortifie réellement ?
Notre culture du court terme préfère une manne qui rassasie, plutôt qu’un pain de vie qui fait grandir la faim. Pour manger de ce pain-là, il nous faut avant tout écouter un appel décisif. ‘Lève-toi et mange’ dit l’ange à Elie (1Rois 19). (...) Ne cherche pas à ce que ta vie soit seulement appétissante, mais veille à ce qu’elle soit nourrissante, pour toi et pour les autres !
Pour cela, «Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse» (Lettre aux Ephésiens). Je vous invite à les garder toujours au menu de votre vie ! La générosité et la tendresse : voilà deux condiments qui n’offrent pas une recette de vie, mais qui mettent toujours un goût d’éternité à nos relations.
La tendresse est cette faculté d’ouverture et d’accueil. (...) La tendresse est fondamentalement cette bienveillance et cette non-violence qui désarme sans maîtriser ! La tendresse est cette capacité d’adaptation aux circonstances, cette faculté de ne jamais être cassant lorsque l’imprévu survient. La tendresse se nourrit de l’autre, sans le dévorer.
Cependant, elle ne suffit pas toujours dans nos relations. Il est des moments où elle semble vaine et illusoire. C’est pour cela qu’il nous faut la générosité. La générosité nous offre une direction ; elle nous donne d’imiter le Christ. Si la tendresse est sans pourquoi, la générosité se donne un but, car il y a ces sentiers tortueux qu’il faut rendre droits et ces personnes courbées qui ont besoin d’une main pour se relever. C’est une gratuité qui amène de la confiance dans nos relations, un peu d’espérance dans nos paroles, un zeste de bienveillance dans nos actes. Si vous retirez la générosité de votre tendresse, il se peut que votre gentillesse ne soit pas gratuite et vraie. Mais si vous enlevez la tendresse à la générosité, cette dernière ne sera pas ajustée à l’autre tel qu’il est, dans sa fragilité !
Conjugués ensemble, tendresse et générosité nous font découvrir qu’il y a —comme le pain de vie— des réalités qui se multiplient en se donnant : la bienveillance, l’amitié, l’amour.
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