15 mai 2018

LE „ JE VOUS SALUE MARIE „







Je vous salue
C’est le premier mot de l’ange Gabriel à la Vierge Marie. Dans le grec de l’Évangile (Luc 1,28), le mot kaïré signifie littéralement « Réjouis-toi ! ».  Mais il est aussi une manière très révérencieuse de saluer les grands personnages. Comment  l’Ange peut-il employer pour cette jeune fille inconnue cachée à Nazareth, dans la plus modeste des bourgades d’Israël, une salutation réservée aux grands de ce monde ? C’est cela qui provoque la stupeur de la Vierge. Il est heureux que la traduction française, par l’usage du vouvoiement et du verbe un peu solennel « saluer », rende bien cette nuance de respect que comportent la salutation angélique.

Marie
C’est là qu’on est bien attrapé. Car l’Ange n’a jamais dit Je vous salue Marie. C’est la Tradition de l’Église qui a rajouté ce prénom pour que l’on comprenne bien à qui l’on s’adresse. (...) Si l’on ajoute qu’en français Marie est l’anagramme du verbe aimer, on comprend combien nous est doux le saint nom de Marie.

Pleine de grâce
On est bien en peine de traduire le nom grec que l’Ange donne à Marie. Gabriel dit : Je vous salue « kékaritôménè » (Luc 1,28). Cela fait d’ailleurs une jolie allitération avec le mot précédent (kaïré kékaritôménè) difficile à rendre en français. Cette formule était littéralement inouïe, jamais adressée à aucun autre et réservée à la Vierge. L’Ange salue la « pleine de grâce » comme si cette plénitude était le nom propre de Marie, la plus propre à exprimer ce qu’est profondément la Vierge. En méditant sur ces mots, l’Église découvrira peu à peu que Marie est totalement exempte de cet obstacle à la grâce qu’est essentiellement le péché. 

Le fruit de vos entrailles
Cette expression étonnante est prononcée par Élisabeth lors de la Visitation. La vieille cousine ne parle pas à Marie de son enfant, mais du fruit de son ventre (Luc 1,42). Il serait très dommageable de perdre à cause de quelques ritournelles à la mode la haute densité biblique et théologique de cette formule. Le mot fruit est essentiel. Souvenons-nous du premier mot que Dieu adresse à Adam et Ève : « Fructifiez ! » (Genèse 1,28, perou). Jésus nous demande avec insistance de porter du fruit (Jean 15,8). Fructifier : telle est la consigne primordiale. (...) Le français a choisi le mot – lui aussi très biblique – d’entrailles. Dieu l’avait promis. Le fruit des entrailles de quiconque accomplirait la Loi, serait béni (Deutéronome 30,8-9). Or Marie épouse à plein cœur la Loi du Seigneur. Elle conçoit dans la foi avant de concevoir dans la chair, le fruit béni de ses entrailles. En hébreu, le mot qui désigne les entrailles maternelles (rahamim) est de même racine que le mot miséricorde. En outre, sous son aspect très réaliste le mot entrailles ajoute une précision dogmatique essentielle. Il dit la vérité de l’Incarnation du fils de Dieu. Jésus n’a pas fait que passer par le sein de la Vierge Marie. Par l’Esprit saint, il a pris chair de la Vierge Marie. Les mots de la prière inculquent en nous la foi véritable. Le « Je vous Salue Marie » est ainsi une école de foi et de vie en Christ. En effet, « ce que l’intelligence de la foi a saisi concernant Marie se situe au centre le plus intime de la vérité chrétienne. »

P. Guillaume de Menthière, théologien
„ Le « Je vous salue Marie » (extraits)
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