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La joie relève d’une décision. Il faut se décider à consentir à la joie même si toutes les raisons d’être joyeux ne sont pas réunies. C’est une sorte d’ouverture gratuite à la vie. Parfois un événement vient frapper à notre porte : la bonté d’une personne, un beau visage, un geste de tendresse... Devant chacun de ces « événements », nous avons le choix de décider qu’ils vont venir, ou non, conforter la promesse de bonheur à laquelle nous sommes appelés. Certes la joie ne dépend pas que de nous, car nous pouvons nous trouver au coeur de situations tragiques et écrasantes, mais il nous revient, lorsqu’elle se présente, de l’accueillir. À chaque instant de notre existence, notre décision est requise pour choisir la vie.
Si nous voulons faire de notre vie un chef-d’oeuvre, il faut déjà être persuadé que nous sommes un chef-d’oeuvre. Rater sa vie, c’est croire qu’on embellit à partir de rien, ou pour cacher la misère, en oubliant le « déjà là » du don de la vie.
C’est une illusion de croire que nous pouvons forger notre bonheur à la force du poignet. Plus qu’une conquête, le bonheur est de l’ordre du dévoilement de ce qui nous est déjà donné.
Consentir n’est pas se résigner. Ce n’est pas fermer les yeux sur la dimension tragique de l’existence. C’est tenter, au coeur de la souffrance, de continuer à choisir la vie. L’épreuve contient plus de vie que nous ne l’imaginons.
Un Dieu qui ne répond pas aux souffrances des hommes est un Dieu révoltant. Si Dieu existe, il ne peut être que celui qui vient vivre au coeur de nos abîmes. Un Dieu que sa transcendance laisserait indemne des blessures des hommes n’est pas le Dieu vivant. C’est la magnifique folie du christianisme que de révéler un Dieu qui n’est pas réfugié dans son ciel mais qui habite au coeur de l’humanité la plus blessée. On pourrait dire qu’un malheur n’arrive jamais seul ! Qu’il est accompagné de l’infinie tendresse de Dieu.
(...) La foi, c’est la confiance. Il s’agit, malgré le tragique de l’existence, de donner sa confiance à un Autre qui, quoi qu’il arrive, sera là à nos côtés. La foi, c’est croire qu’en Dieu ma vie est entre de bonnes mains !
Pour entretenir cette foi, la prière est essentielle. Une prière d’oraison qui place tous les aspects de ma vie – mes joies, mes espérances mais aussi mes nuits et mes abîmes – sous le regard bienveillant d’un Dieu d’amour. Un Dieu qui ne me regarde pas d’en haut, mais qui vient s’asseoir juste à côté de moi quand je prie
Martin Steffens, philosophe
Extrait de la rubrique „Entretien“
PRIER, sept.2017
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