En fait, vous les avez déjà vues ces personnes du fond de l'église, ce sont celles qu'on ne voit pas quand on est devant. Je m'y suis retrouvée au fond, parce que la douleur et la honte de pleurer la mort de proches m'empêchait d'avancer dans l'église.
Alors je l'ai vue cette autre personne qui pleurait discrètement aussi; cette personne qui avait tant de mal à marcher qu'elle s'était arrêtée à l'entrée; cette autre personne, peut-être un peu éloignée de la foi ou intimidée, qui n'osait plus avancer; cette personne si seule qu'elle n'osait le montrer à la communauté et prendre une place qui pouvait déranger les familles; ces touristes venus à cette heure-là par hasard; cette famille dont les cheveux encore en bataille montraient combien il était difficile d'arriver avant la fin de la messe; ce SDF qui ne voulait pas déranger avec son odeur et ses habits en l'état...
Avez-vous imaginé que pour certains le signe de paix serait parfois la seule parole échangée, le seul contact physique de la journée avec autrui ? La centrifugeuse de la vie m'a fait me retrouver au fond de l'église: j'y ai fait de belles rencontres.
Cette "famille" que j'ai rencontrée, elle n'est ni paroissiale, ni mystique, ni tradismatique, ni observante, ni charismatique, ni périphérique, ni tridentine, elle est... juste là. Pas passive, pas paresseuse: elle est juste là, comme elle peut.
Et de l'avant à l'arrière, dans une chapelle ou une cathédrale, on dit tous le même Notre Père. Ça tombe bien: on est tous à la même distance du Ciel, devant comme au fond.
famillechretienne.fr n° 2094 03/03/2018
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