3 février 2018

TOUT QUITTER ?






Jésus commence à annoncer la "Bonne Nouvelle": "Le Royaume de Dieu est tout proche". Rappelons que ce triomphe du "Règne" ne consiste pas à supprimer le mal mais à l'utiliser, à nous donner pouvoir de nous en servir pour faire advenir le meilleur. Et c'est bien ce qui se passe dans la Passion du Christ, qui récapitule tout ce que nous pouvons avoir à supporter. Cette parole nous est adressée à nous aussi, aujourd'hui. Ce n'est pas par hasard qu'elle est actuellement proclamée dans les communautés chrétiennes. Le "Royaume de Dieu" est à portée de nos mains. Il dépend de nous de nous en saisir. Tout ce que nous avons à subir peut et doit être référé à la Croix du Christ. Non pas de manière abstraite, théorique, mais en nous unissant à cette personne vivante qui nous habite et qui traverse avec nous toute sorte de mort. Cela se choisit et ne dépend pas de l'agitation sensible qui peut, en surface, nous perturber.
(...) Nous ne pouvons accéder à Dieu qu'en dépassant ce qui nous occupe et nous préoccupe au jour le jour. Tout cela est en effet promis à la mort. Notre désir doit changer d'objet et nous pouvons appeler cela "retournement" ou "conversion". Comprenons que ce que nous appelons "Dieu", ce qui nous fonde, nous fait être, nous tient debout et qui en fin de compte se révèle à nous dans le Christ, ne peut passer pour nous au second plan. Dieu n'est pas "en plus", il est en tout. Et nous devons tout dépasser pour le trouver, pour hériter de son "Royaume". Remarquons que notre existence actuelle nous conduit à cela, que nous le voulions ou non : peu à peu, à mesure que nous vieillissons, nos forces nous abandonnent, notre vue et notre ouïe s'affaiblissent, les personnes qui peuplaient notre existence se raréfient. Bref, nous sommes appelés à tout quitter pour rejoindre Dieu. Cela, qui se produit indépendamment de notre volonté, nous sommes appelés à le prendre en charge et à choisir de tout perdre pour nous lier au Christ seul. Souvenons-nous du trésor caché dans un champ : quiconque le trouve va vendre tout ce qu'il a pour acheter le champ (Matthieu 13,44). Il ne s'agit pas pour nous de "sacrifier", de choisir la privation et le dénuement, mais de nous libérer pour nous rendre disponibles au meilleur. Pierre et ses compagnons changent de vie. Ils ne savent pas où ils vont ni ce qui les attend : seul les mobilise l'appel de ce Jésus en lequel ils pressentent déjà la présence de Dieu.

Père Marcel Domergue, jésuite.
Extrait du commentaire sur Marc 1,14-20
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