La richesse n’est pas mauvaise en soi, elle est neutre comme toute chose. Mais c’est la mauvaise relation avec la richesse qui introduit dans l’homme une immense distraction, qui divise l’âme et la jette dans le multiple. C’est cette mauvaise relation qui fait que le riche est continuellement dis-trait, au sens étymologique : tiré dehors, désaxé, sans orientation intérieure, il est capté par le monde des choses, asphyxié par elles.
(...)Le désir est le puissant symbole de notre moi et le vrai baromètre de notre vie spirituelle. Tant qu’il n’est pas centré en Dieu seul, le désir est l’ennemi par excellence du Chemin. Lorsqu’il a perdu Dieu, l’homme éprouve un état de manque permanent.
Mais pour celui qui a compris par expérience, qu’au fond de chaque désir, jusqu’au moindre, il y a en réalité le désir de Dieu, celui-là peut devenir pauvre de tout le reste. Sa conscience se tourne vers la Présence divine qui est au creux de cet élan intérieur, et non plus vers les objets de sa convoitise. Un jour il sera possédé par Dieu au lieu d’être possédé par les choses. A la fin il retrouve l’unique désir qui rencontre Dieu à l’intérieur de tout, même des satisfactions et des plaisirs, mais ceux-ci seront alors des lieux d’alliance avec Lui, non plus des prisons de l’ego.
La pauvreté de cet homme peut devenir absolue. Elle se traduit concrètement par une égalité d’âme totale devant tous les résultats, toutes les réactions, toutes les circonstances : est-ce la bonne ou la mauvaise fortune, le respect ou l’insulte, la renommée ou le blâme, la victoire ou la défaite, la santé ou la maladie, les événements agréables ou pénibles… La seule chose qui compte pour lui, c’est ce que Dieu veut ici et maintenant. Il ne veut que ce que veut Dieu, à tout moment, et tout ce qui lui arrive il l’accepte indifféremment de sa main. La plus infime réaction de son cœur, face à ce qui arrive, est la preuve d’une non-pauvreté et d’un attachement à la vieille nature.
L’enjeu de la pauvreté c’est d’abord de devenir libre de tout, car cette liberté est le grand signe de la personne. Quand l’homme s’éveille à elle, il naît à lui-même, à son vrai mystère, son identité. C’est un immense lâcher prise ; un saut dans une confiance totale où un Autre que l’ego devient le guide conducteur de tout parce que le désir repose en Lui seul.
Alors cette pauvreté-là se dévoile à lui comme étant la richesse en personne : Dieu.
Souhaitons-nous la décision de non-attachement. Rien ni personne ne nous appartient…
P.Alphonse, prêtre orthodoxe, et Rachel
La lettre de Béthanie, sept.2010 (extraits)
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Fais que j’entende au matin ton amour,
car je me confie en toi.
Montre-moi le chemin que je dois prendre,
car j’élève mon âme à toi.
Psaume 143, 8

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