20 janvier 2018

NOTRE DÉMON FAMILIER



  Y a-t-il en nous quelque chose qui se trouble, se rétracte quand nous visite le Christ ? Une sorte de peur ? Une part de nous-mêmes se met-elle en posture de défense quand nous sollicite l'amour ? Nous sommes tous plus ou moins habités par ce genre de démon. Peur d'avoir à changer, à renoncer à nos manières de nous comporter, à nos habitudes. Allons plus loin : il y a en nous, sous-jacente, la volonté d'être estimé, voire admiré, l'ambition de dominer. Cela nous conduit à minimiser ce que nous trouvons estimable chez les autres. Nous sommes rassurés et réconfortés quand ils commettent une erreur ou une faute. Au fond, nous avons peur de ne pas être assez estimables. Tel est notre démon familier. Vous n'êtes pas comme cela ? Méfiez-vous : votre démon se cache. Ces propos doivent-ils vous culpabiliser ? Non, car en fin de compte, cet "esprit mauvais" n'est pas vous ; il n'est pas inclus dans votre création. Prenez conscience de sa présence avec un sourire et en haussant les épaules : le Christ vient le chasser. Il vient vous amener à cesser de vous comparer pour vous mettre à aimer. Fin de nos tumultes intérieurs et de nos agitations. Fin de nos peurs. Commencement de notre vraie présence aux autres, une présence qui ne se préoccupe pas d'elle-même. Ouverture. Et voici le paradoxe : c'est par là que nous commençons à être vraiment nous-mêmes. Nous nous trouvons quand nous ne nous cherchons pas,
quand notre regard porte tout entier sur le Christ. Et son regard à lui ne porte pas sur lui-même mais sur nous tous, pour lesquels il est venu dans le monde. "Es-tu venu pour nous perdre ?", demande notre démon : la peur de ne pas être est passée de nous en lui. Ne nous laissons pas contaminer par cette peur.

Marcel Domergue, jésuite
Extrait de l’enseignement
« Nos démons sont chassés » Marc 1, 21-28

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