1 décembre 2017

DIEU CACHÉ, DIEU PROCHE






En ces temps du divertissement à tout prix, de la dépendance aux écrans, de la consommation à outrance, c’est devenu tout un exploit d’entrer en soi, d’accueillir le silence, et d’écouter son propre vide intérieur qui appelle obscurément un sens, un salut.
Nous sommes passés d’une société de devoir et de l’obligation à une société de l’individualisme et de l’autonomie. Ce n’est pas négatif en soi, mais ce passage peut ouvrir la porte à des idéologies sans intériorité. Aujourd’hui, les gens ne veulent pas qu’on leur dise quoi faire ou penser, même s’ils sont manipulés par de nouveaux fabricants d’opinions comme les réseaux sociaux. Ils n’ont pas envie de dépendre des autres, encore moins d’un Dieu. Créateurs, oui ; créatures, non. L’antique tentation de se constituer en juges suprêmes du bien et du mal est récurrente : « Vous serez comme des dieux. » (Gn 3, 5). Dieu est ainsi perçu comme un tyran jaloux de ses prérogatives et non comme un père miséricordieux qui veut le bonheur et le salut de ses enfants.
Jésus nous révèle l’image d’un Dieu qui n’est qu’amour. Il est venu apporter la vie en abondance pour que nous croyions qu’il est le Fils du Père, afin d’avoir « la vie en son nom » (Jn 20, 31). Croire en Jésus le Christ, c’est accéder à la vie éternelle. Cette foi s’exprime par des œuvres de miséricorde, comme accueillir l’étranger, vêtir celui qui est nu, visiter celui qui est malade ou en prison : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).
(...) Mais comment ce Dieu caché peut-il devenir le Dieu proche dans le quotidien de nos vies si nous ne le fréquentons pas dans la prière ? La grâce ne détruit pas la nature ; elle l’équilibre, l’unifie, la transforme progressivement. Dieu ne se laisse pas décourager par nos faiblesses, nos péchés. Ceux-ci sont la matière avec laquelle s’exerce sa miséricorde, la faille par où entre sa lumière, comme le chantait Leonard Cohen dans Anthem.
Le combat spirituel, « aussi brutal que la bataille d’hommes », écrivait Rimbaud, secoue notre torpeur et vérifie la qualité de notre espérance. N’est-ce pas de ce trésor que nous avons le plus besoin aujourd’hui ? Le pape François nous le redit comme un leitmotiv : « Ne vous laissez pas voler l’espérance » !
Comment? En désirant aimer, en priant chaque jour dans le silence du cœur, en méditant la parole de Dieu, en fréquentant les sacrements, en répétant intérieurement le nom de Jésus, en lisant les saints, en servant le plus démuni, en reliant notre foi aux questions que les gens se posent, en témoignant du Christ à partir de ce que nous sommes, en accompagnant les autres tels qu’ils sont, non en les jugeant, car « l’amour espère tout » (1 Co 13, 7).

Le salut chrétien, source d'espérance (extrait)
revue Prêtre et Pasteur, Montréal, 15 novembre 2017 

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