« JOUEZ LE JEU ! »

Rarissime trésor médiéval dans les ruines de l'abbaye de Cluny

S'il y a une chose à retenit de la parabole des talents, c'est l'acceptation du risque de vivre... On vit toujours au risque de la mort. Qui est prêt à risquer sa vie ? Nous surprotégeons tellement notre existence... On prépare dès la maternelle la crise de l'engagement. Même notre bonheur est enveloppé de mille précautions maladives. On étouffe d'inquiétude à force d'entretenir nos peurs. Il faudrait désenvelopper la vie, la laisser jaillir comme une source. Quand nous serons rassasiés d'une vie sous cellophane, nous ferons un grand pas vers la sainteté. L'enfer, c'est la vie qui s'enferme, la grâce qui s'enterre. Les pécheurs sont morts, les saints sont de grands vivants. Ils jouent le jeu. " Seigneur, Tu m'as confié cinq talents, j'en ai gagné cinq autres."
" Jouez le jeu ! ", disait Baden-Powell à ses éclaireurs. Il y a quelque chose de plus grave que les faiblesses de la chair, c'est la paresse d'exister. C'est l'endormissement de l'essentiel dans un monde si bien gardé qu'on a méthodiquement écrasé l'irruption de la grâce. C'est la paralysie de la peur: " J'ai eu peur, j'ai enfoui ton talent dans la terre, le voici, Tu as ce qui t'appartient. "   
Je pense souvent à ce troisième homme, si craintif et précautionneux... Si seulement il n'avait pas enterré sa vie... S'il était allé voir le Seigneur en disant: " J'ai joué ton talent et je l'ai perdu, je viens vers Toi les mains vides ", je suis sûr que le Maître lui aurait dit, à lui aussi: " Tu as joué le beau jeu de ta vie, entre dans la joie. " Il n'y a pas de vie ratée pour celui qui la joue. Même la Petite  Thérèse disait: " Au soir de ma vie, je mourrai les mains vides. "

Il faut jouer le jeu pour tout gagner, au risque de tout perdre. Ne retenez pour vous rien de vous, car tout ce qui n'est pas donné est perdu.

P. Luc de Bellescize,
Billet spirituel sur la parabole des talents Mt 25, 14-30
famillechretienne.fr n° 2079