5 octobre 2017

L'ESPÉRANCE SELON PÉGUY


Image famillechretienne.fr
Quelle est la différence entre espérance et espoir ? Comment comprendre l'idée d'espérance ? Charles Péguy, avec des mots simples, parvient à la définir clairement..
(...) L’espérance, des trois vertus, entre la foi et la charité, est la « plus difficile ». Parce que c’est tout autre chose que l’optimisme béat, déraisonnable, dont Georges Bernanos avait déjà dit qu’il ne naissait pas de Dieu mais d’une dangereuse illusion. Péguy, lui, [affirmait] on ne cesse pas d’être chrétien, qu’on ne cesse même pas forcément d’être espérant, lorsque l’espoir nous manque. Car l’espérance est autre chose encore que l’espoir.
Ses mots sont bien connus : il nous décrit l’espérance comme cette « petite fille de rien du tout » qui marche entre ses deux grandes sœurs que sont la foi et la charité. Et c’est certainement l’image la plus juste. (...)  L’espérance est là, dans l’assurance qu’il faut pour avancer, pour ne pas stagner, et dans la confiance en demain, en la perpétuation. (...) Péguy a ensuite expliqué que l’espérance est nécessaire dans cet espace où nos volontés d’hommes, nos volontés de parents ou d’enfants, de créatures, ne suffisent plus pour répondre à nos besoins. La deuxième vertu est à sa très juste place là où Dieu seul sait ce qu’il est bon de faire, et là où Lui seul peut agir, en dépit de nos actes de charité et de notre foi. « Celui qui ne dort pas est infidèle à l’espérance », parce qu’il continue à vouloir agir tous azimuts, et ne veut pas laisser Dieu faire son œuvre. Or c’est la forme la plus absolue d’amour pour Dieu que de s’abandonner à espérer en Lui, pour parfaire ce qui a été fait, et où notre pouvoir s’arrête. (...) C’est cette espérance qui prend le relai quand nous atteignons nos limites, quand nous ne pouvons plus. Mais elle fait beaucoup mieux qu’aller plus loin que nous : elle va plus loin que tout, puisqu’elle est le moment où Dieu entre en scène, le moment où il est seul capable et seul légitime. Et c’est ainsi dans l’espérance que l’on fait abonder plus parfaitement la charité : par l’espérance, la charité est guidée jusqu’aux confins du troupeau, et plus loin encore, jusqu’à la brebis égarée, jusqu’à celle pour qui nos cœurs d’homme n’ont plus le moindre espoir. L’espérance, parce que Dieu peut tout, nous mène là où nous n’envisagerions pas d’aller par nous-mêmes, parce que nous n’en avons pas la force.

 Valentin Fontan-Moret, essayiste | 01 octobre 2017
„ Comment Charles Péguy m’a expliqué l’espérance „ (extrait)

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