7 août 2017

LA CONVERSION DE MAX JACOB



Max Jacob by Modigliani, 1916


Le 22 septembre 1909, une vision du Christ sur le mur de sa chambre bouleverse la vie du poète et romancier juif qui n’aura désormais d'autre espérance que d'arriver à "ne plus pécher".
Poète et romancier, peintre, originaire d’une famille juive non pratiquante de Bretagne, rien ne prédestinait Max Jacob à recevoir cette « grâce soudaine », lui, au caractère « imprévisible et incontrôlable » disait-on, l’artiste ami de Picasso, d’Apollinaire, de Modigliani et Jean Cocteau, qui adorait la vie nocturne et agitée de Montparnasse, le passionné de cartomancie, d’horoscope et d’art divinatoire, l’homosexuel accro à l’opium et à l’éther.
Pourtant, ce 22 septembre 1909, c’est à lui que « l’Hôte » apparaît sur le mur de sa chambre provoquant en lui un vrai bouleversement intérieur :
« Je tombai à genoux, mes yeux s’emplirent de larmes soudaines. Un ineffable bien-être descendit sur moi, je restai immobile, sans comprendre. J’eus instantanément la notion que je n’avais jamais été qu’un animal, que je devenais un homme. Un animal timide. Un homme libre. Instantanément aussi, dès que mes yeux eurent rencontré l’Être Ineffable, je me sentis déshabillé de ma chair humaine, et deux mots simplement m’emplissaient : MOURIR, NAÎTRE… » Récit de ma conversion, publié en 1951
(...) On le prend pour un mystificateur. Son baptême n’aura d’ailleurs lieu que le 18 février 1915. Dans la chapelle des Sœurs de Notre-Dame de Sion, avec Pablo Picasso pour parrain qui lui offre un exemplaire de L’Imitation de Jésus Christ pour qu’il n’oublie pas ce jour. Il fait le même jour sa communion.
Quelques jours auparavant, il confie dans une lettre à l’écrivain Jean-Richard Bloch, son ami et cousin, une deuxième vision et son cheminement avant de passer à cet « acte énorme » :
« Mon cher Jean, je me convertis au catholicisme. Tu sais que Dieu m’a fait l’honneur de se montrer à moi et à mon mobilier le 28 octobre 1909 (…) Il a renouvelé pour mes yeux ce miracle le 17 décembre dernier à 10 heures et demi du soir sur une toile de cinématographe Pathé rue de Douai. Une hésitation nouvelle serait de l’ingratitude. Je n’attends plus le Messie comme mes coreligionnaires : je l’ai vu ! Le devoir de ceux qui croiront mes yeux est de m’imiter ; les juifs n’ont pas été appelés par lui au début parce qu’il fallait que la nouvelle religion ne restât pas une secte juive ; aujourd’hui que la mission des juifs est accomplie, ils doivent se réjouir de ce qu’ils ont fait par leur sacrifice séculaire, ils doivent se réunir à lui. Ne m’oppose aucune objection temporelle : elles n’ont aucune importance pour moi ! Je ne renie rien : je n’avais pas de religion, j’en choisis une… »

Conversion fulgurante : Max Jacob, de la bohème au silence de l’abbaye
Isabelle Cousturié | 04 août 2017
aleteia.org

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