27 mai 2017

FIDÉLITÉ ET INFIDÉLITÉ





La fidélité est une vertu et la vie vertueuse nous aide à aimer, à croire, à espérer, à nous accomplir. La vertu n’est pas de l’obstination. La vie vertueuse se trompe de finalité si elle poursuit la fidélité pour elle-même et non la vérité du lien à l’autre. Comme disait le philosophe Vladimir Jankélévitch dans son Traité des vertus : « La fidélité à la bêtise n’est rien d’autre qu’une bêtise de plus ». La fidélité est vertueuse dans la mesure où elle soutient un lien qui fait vivre, c’est une dynamique où l’un entraîne l’autre et le consolide et réciproquement.
Dans l’existence, il y a toujours des contraintes et une ascèse bien nécessaire. Mais il est impossible d’aimer et d’être fidèle dans la durée par seule contrainte ou par seule ascèse. Le risque c’est d’aimer moins les êtres de chair que l’effort, en affirmant une volonté de toute puissance : ne pas dévier de sa ligne d’un centimètre en dépit des troubles, des tragédies. Cette force de la volonté peut paraître magnifique, mais elle participe avant tout d’une volonté de puissance. C'est un sacrifice en apparence mais qui n’en est pas un, une manière de montrer sa capacité de maîtrise quoi qu’il arrive. Comme les personnes qui vous disent : « Moi je sais que toute ma vie je serai fidèle ».  (...) Il est de ma responsabilité de tout faire, par le désir et la volonté, pour demeurer fidèle, au creux de la vie réelle. C’est la fidélité qui est au service de l’amour et non l’amour qui est au service de la fidélité. L’engagement d’un couple est avant tout de construire un avenir commun, de mettre tout en œuvre pour que l’amour traverse le temps. La fidélité est là au service de ce projet, et non le projet au service de la fidélité. 
La fidélité à soi-même, à ce que je crois juste pour ma vie, s’articule avec la société dans laquelle je vis, dans une conversation constante. On ne construit pas sa tour d’ivoire pour se dire un jour : « Maintenant je suis assez fort, donc je peux me tourner vers l’extérieur ». C’est la symbolique de la peau, qui protège notre être intérieur et nous met en contact avec l’extérieur. Vous ne pouvez séparer l’un de l’autre, sinon vous ne respirez plus.

Soeur Véronique Margron, dominicaine, théologienne, moraliste
Extrait d'entretien sur: "Fidélité - Infidélité. Question vive" éd. Cerf  
aleteia.org 19/05/2017

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Rien ne peut nous rendre saints, excepté la présence de Dieu... Et pour moi la présence de Dieu réside dans la fidélité à de petites choses.
Nous pouvons ne pas accomplir de grandes choses -- juste des petites, avec grand amour. Les Soeurs font des petites choses: aider les enfants, visiter les personnes solitaires, les malades, les indésirables. Quand quelqu'un me dit que les Soeurs n'ont entrepris aucun grand travail, qu'elles font tranquillement de petites choses, je réponds que même si elles n'aidaient qu'une seule personne, cela suffirait. Jésus serait mort pour une seule personne, pour un seul pécheur.


Ste Teresa de Calcutta

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