Pourquoi le mal existe-t-il? (...) Il faut le dire clairement : face au mal, il n'y a pas d'explication. Parce que le mal n'a pas de sens ; il est insensé. S'il n'y a pas d'explication, les hommes ont pourtant de tout temps cherché à éclairer le mystère du mal pour mieux se prémunir contre ses ravages. (...) Le Dieu des chrétiens, comme les divinités des autres croyances, a longtemps été désigné comme responsable du mal qui frappe l'humanité. Or, dans la foi chrétienne, on n'a jamais "mérité" de souffrir : ce serait l'image d'un Dieu vengeur qui règle des comptes, qui récompense ses créatures selon son bon vouloir. Job, dans la Bible, fidèle parmi les fidèles, a subi tous les malheurs du monde. Et pourtant, Job refuse de rendre Dieu responsable du sort qui s'acharne contre lui. Il ne peut donc être question d'un Dieu qui protège ou condamne selon nos mérites.
Le mal peut trouver sa source dans la responsabilité et l'action "coupable" de l'homme. Dieu a voulu créer l'homme libre. Mais s'il est libre de faire le bien et de vivre en cherchant l'épanouissement de chacun, il est aussi en mesure - nous l'avons tous expérimenté - de céder à la méchanceté, à la violence, au mal qui blesse et détruit les autres. Le mal est la face déformée de notre liberté humaine. Dieu n'est pas interventionniste et, même s'il est touché en voyant ses enfants se déchirer, il respecte infiniment notre liberté humaine. Dieu aime, et Dieu ne s'impose pas. Si Dieu n'a pas voulu le mal, il ne reste pas insensible et étranger à notre condition souffrante. (...) L'Incarnation, Dieu fait homme, c'est la réponse à cette interrogation lancinante: le mal ne vient pas de Dieu, et Dieu a envoyé son propre fils auprès des hommes dans ce combat contre le mal. Par Jésus, Dieu montre son camp, et redit, comme depuis les origines, qu'il est un Dieu bon.
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Reste que, si le mal n'a pas de sens, la manière de l'affronter et de le traverser peut, elle, trouver un sens. (...) Mais Dieu n'a rien à faire de la souffrance. Dieu ne peut que "souffrir avec l'homme souffrant" et ouvrir des chemins de résistance au mal. La façon dont nous faisons face aux catastrophes, la capacité à lutter contre les maladies par la recherche, contre les famines par la solidarité, contre la solitude par l'attention aux autres participe à cette espérance divine. Dieu est un Dieu de vie qui veut nous donner son Royaume, et le mal n'a pas le dernier mot.
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Transmission de RCF, l'émission Grand Angle du 4 février 2014 sur le mal
croire.la-croix.com
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