17 octobre 2016

LA BEAUTÉ PEUT-ELLE SAUVER LE MONDE ?



La beauté sous l’angle de la vie ordinaire est un sujet qui nous touche tous, et peut nous faire regarder différemment le quotidien. Il a pour but de nous aider à être sensibles à un plaisir renouvelé, dans la réalisation de notre travail, nos relations sociales et familiales, et dans l’éducation de nos enfants. La beauté est créatrice de liens: dans ces liens que nous entretenons avec notre passé et notre histoire. (...) Et bien sûr, dans les liens qui se tissent en société, et avec la transcendance, la beauté a un rôle. La beauté peut-elle être un piège ? La beauté : chute ou salut ? (...)
La beauté peut-elle sauver le monde ? Aujourd’hui, plus que jamais, cette question s’impose à nous. Notre société est éminemment paradoxale à ce sujet : à la fois, elle fuit le silence et la contemplation, mais elle développe une hyper-esthétisation des objets, par le biais du design, et des corps, dans son obsession pour le corps parfait… On s’extasie devant la beauté de la nature que l’on détruit, on est prêt à faire la queue plus d’une heure et demie pour admirer un musée lors des journées du patrimoine, sans pour autant être attentif à la beauté de ce qui nous entoure au quotidien. En outre, on ne peut passer sous silence l’actuelle volonté destructrice de ce qui est beau et la promotion de la laideur qui caractérise notre époque, par rapport aux siècles précédents. Je pense qu’il y a là un sujet majeur de réflexion pour notre société.
Notre société [aurait-elle] perdu le sens du beau comme idée maîtresse ? Lorsque l’homme considère qu’il est le maître de la pensée, et qu’il peut déterminer ce qui est ou ce qui n’est pas, alors oui, il y a aussi danger pour la beauté. Et pourtant, que nous le voulions ou non, la beauté est inscrite en nous et nous y aspirons sans même peut-être le savoir. C’est pourquoi l’homme contemporain ne pourra jamais, malgré ce qu’il pense peut-être, déterminer ce qui est beau en fonction de son bon vouloir, et de ce qui lui plaît à lui, uniquement. Un beau tableau ne plaît pas qu’à une seule personne ; il y a une dimension universelle à la beauté, qui nous échappe, et ne peut nous en rendre maîtres. 
" En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourrait paraître incongru, inconvenant, voire provocateur. Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu’à l’opposé du mal, la beauté se situe bien à l’autre bout d’une réalité à laquelle nous avons à faire face. Je suis persuadé que nous avons pour tâche urgente, et permanente, de dévisager ces deux mystères qui constituent les extrémités de l’univers vivant : d’un côté, le mal ; de l’autre, la beauté. Ce qui est enjeu n’est rien de moins que la vérité de la destinée humaine, une destinée qui implique les données fondamentales de notre liberté. " François Cheng, de l’Académie Française (Cinq méditations sur la beauté, 2006)
On voit bien combien nous intéresser à la beauté et chercher à en contempler le mystère fait partie de notre devoir d’hommes libres.

Céline Monnereau-Moinier, présidente de l’association Foncabel
Extraits de "La beauté au cœur de la vie humaine peut-elle sauver notre monde ?"
aleteia.org 12/10/2016

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