28 septembre 2016

SAINT AUGUSTIN - ENTRE FOI ET RAISON


Saint Augustin d'Hippone



« Livre toujours ouvert, et qui ne sera jamais roulé, parce que vous êtes vous-même ce livre, et que vous l’êtes éternellement... »
Saint Augustin, Confessions, Livre XIII, chapitre XV

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L’itinéraire d’Augustin éclaire les tensions entre foi et raison. Ce qui l’empêche longtemps d’adhérer au christianisme, c’est une exigence intellectuelle dont les croyants de son temps se soucient apparemment peu. Il faut saint Ambroise, évêque de Milan, pour l’ouvrir à l’intelligence des Écritures au-delà de leur sens littéral et des traductions approximatives. Saint Augustin devient ainsi non seulement un exégète, un théologien et un des pères du monachisme occidental avec sa Règle, mais encore un personnage majeur de l’histoire de la philosophie. Il est le premier à pointer la centralité du sujet, du « je », ou « moi », non seulement dans la spiritualité (avec ses Confessions), mais encore dans la connaissance en général. C’est ce que développe Descartes avec son cogito et son doute. C’est encore ce que reconnaît explicitement l’école la plus marquante du XXe siècle : la phénoménologie, depuis Husserl jusqu’à Jean-Luc Marion en passant par Heidegger. Dans la même mouvance, la philosophie politique d’Hannah Arendt s’inscrit ouvertement dans le prolongement de La Cité de Dieu.
Il faut ajouter encore deux choses. La première est qu’il n’y a pas de réflexion plus poussée que la sienne sur l’amour. (Voir son Commentaire sur la première épître de saint Jean.) On se limitera ici à une seule intuition : de même que Dieu est défiguré par toutes sortes de paganisme, l’amour (caritas, dilectio) qui est son être se trouve dénaturé dans toute une gamme d’idolâtries (appetitus, cupiditas, amor…).
Le second point à signaler est une langue splendide, qui supporte bien la traduction même si le latin d’origine est encore plus dense et stimulant, avec des formules comme :
– Bien tard je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ; elles me retenaient loin de toi, ces choses qui sans toi n’existeraient pas !
– « Je veux comprendre avant de croire », me dit l’adversaire ; et moi je lui dis : « Crois d’abord et tu comprendras ».
– Prétendre aimer le Christ sans aimer l’Église qui est son Corps, c’est comme donner un baiser à quelqu’un tout en lui écrasant sciemment les pieds.
– Sans la justice, un État n’est qu’une entreprise de brigandage.
– Louons Dieu pour la beauté des corps qui nous séduit ici-bas et préfigure seulement celle de nos corps ressuscités, affranchis de leurs imperfections et leurs faiblesses mortelles.

Jean Duchesne, membre de l'Observatoire Foi et Culture  
extrait de sa réflexion sur St Augustin 28/08/2016
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