3 septembre 2016

LA TENDRESSE DE DIEU





La tendresse est un besoin fondamental de l’homme. En même temps recevoir cet amour peut effrayer. Comme dans beaucoup de domaines relationnels, la juste mesure est quelque chose de difficile. On voit bien que la tendresse peut être agressive si elle est mal donnée. De même pour la tendresse reçue : il faut autoriser l’autre à être tendre envers nous. Il faut un acte de consentement de la part de celui qui la reçoit. (...) Elle doit être adaptée pour respecter la personne et la nature de la relation.
Dans nos sociétés, pourtant chrétiennes, la tendresse est bien souvent perçue comme une faiblesse. J’avais cru faire le constat que la tendresse était perçue comme un peu guimauve, avec l’idée que le comportement de tendresse va bien pour les enfants mais qu’il y a un âge où l’on passe à autre chose. Et c’est cela qu’il faut renverser : montrer que la tendresse est au contraire la suprême maturité humaine et non pas un degré que l’on dépasse en grandissant.
Mais finalement, j’ai le sentiment que quelque chose est en train de changer. (...) Le 27 novembre, jour d’hommage après les attentats, deux chansons m’ont marqué : "Quand on n'a que l’amour" de Jacques Brel et "Perlimpinpin" de Barbara, qui se termine par « vivre de dépossession, vivre de tendresse ». J’ai trouvé ce choix, dans un hommage national; très intéressant. Finalement que reste-t-il dans une situation de peur et de fragilité ? Il reste l’appel à la tendresse.
Acceptez ou refuser la tendresse de Dieu est un choix. C’est l’une des questions les plus difficiles. Mais le mieux est d’abord de remonter aux origines de ce blocage dans la tendresse.(...)  Ce qui manque toujours et en toute chose c’est le fait de s’écouter et de se comprendre. Il y a un blocage de l’ordre de la reconnaissance que l’on a des besoins et que ce n’est pas en les niant qu’on va vraiment y répondre. Cela se joue d’abord dans la capacité à s’entendre soi-même : beaucoup de personnes refusent d’être à l’écoute de ce qui les habite en profondeur, notamment des désirs. Mais les désirs ne sont pas mauvais puisqu’il n’y a aucun engagement responsable dessus. Je suis responsable de ce que j’en fais, pas du fait de les avoir.

Père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire de Notre-Dame de Laus et vicaire général du diocèse de Gap et d’Embrun. 
in "La tendresse de Dieu" 
aleteia 01/09/2016


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