1 mars 2016

FRANÇOIS ET CYRILLE: VISION COMMUNE DE L'HOMME





À lire la déclaration conjointe du pape François et du patriarche Cyrille, il semble que l’Église de Rome et l’Église orthodoxe russe mènent plusieurs combats identiques. La défense d’une vision commune de l’homme et de la société est l’un des points majeurs de ce texte. Celui-ci réaffirme le droit à la vie, la reconnaissance du christianisme comme fondement de l’Europe et la nécessité de défendre l’héritage spirituel et religieux du continent. De même, il y a un passage très rude contre le laïcisme et le relativisme qui étouffent la spiritualité et chassent la liberté religieuse. À la fin du XIXe siècle, le pape Léon XIII expliquait que l’Europe n’était plus structurée autour de l’opposition entre Latins et Grecs, mais entre ceux qui croyaient en Dieu et ceux qui Le rejetaient. Il bâtissait ainsi une nouvelle vision géopolitique. Le régime communiste a oblitéré cette vision, qui redevient un enjeu diplomatique depuis sa chute.
Le pape François et le patriarche Cyrille ont souligné le renouveau de la foi en Europe de l’Est. Le renouveau de la foi en Russie est extraordinaire. Plus de 200 églises ont été construites dans la région de Moscou depuis 1991. La réflexion spirituelle irrigue tous les partis politiques russes, y compris le Parti communiste qui défend lui aussi l’orthodoxie. D’une certaine manière, Jean Paul II avait anticipé ce renouveau dans son encyclique Centessimus annus parue en 1991. Analysant les causes de la chute du communisme, il expliquait que celles-ci n’étaient pas dues à la faillite économique ou politique, mais au nihilisme spirituel du communisme. Or, ce nihilisme a fini par devenir insupportable à des peuples qui avaient une très longue tradition spirituelle. Des dissidents se sont levés, portés et soutenus par une foi vive, et ils ont fait tomber l’idéologie. C’est l’orthodoxie souterraine en Russie et le catholicisme du silence en Pologne qui ont provoqué la fin des totalitarismes. À partir de là, quand la pratique religieuse a été libérée, celle-ci a pu se développer pleinement.

Historien et écrivain, Jean-Baptiste Noé revient sur l’entrevue entre le pape François et le patriarchie Kirill du 12 février 2016.
Extrait du rapport
aleteia.org 22/02/2016

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