3 mars 2016

DISCERNER SA VOCATION



Détail d'image: retraitedanslaville.org


Dans la culture contemporaine la "volonté consciente" est trop souvent surévaluée. (...)
Il existe en moi une intelligence qui préexiste à ma volonté consciente et qui fait intimement partie de moi mais qui se déploie sans que je le veuille et parfois malgré ma volonté. En bien et en mal.
Non seulement ma volonté consciente ne peut pas tout mais surtout elle n’explique pas tout. L’homme passe infiniment l’homme. (...) Nous ne savons pas vraiment ce qui est bon pour nous ni sur le plan physique ni sur le plan moral. Je ne sais pas vraiment qui je suis ni ce que je veux au fond.
Mon insatisfaction structurelle m’en est témoin. A peine ai-je obtenu ce que je voulais que je veux déjà ce que je n’ai pas encore. A chaque fois je constate que mon désir profond n’est pas comblé : il rejaillit toujours sous une forme nouvelle. 
Je suis un être mystérieux à moi-même. Je suis régulièrement traversé par des désirs infinis que nul objet fini ne peut contenter. Seul quelque chose ou quelqu’un d’infini est susceptible d’étancher de manière définitive ma soif inextinguible. Ce quelqu’un d’infini, je crois l’avoir trouvé. (...) Ce quelqu’un d’infini j’ai décidé de Lui faire confiance parce qu’Il m’a prouvé que je pouvais Lui faire confiance.
Car quand Dieu s’est fait homme Il a accepté de mourir pour que je sois sauvé. Ce faisant Il a prouvé à quel point Il m’aimait. Puis Il est ressuscité. En revenant à la vie, Il a démontré qu’Il était suffisamment fort pour triompher de la mort. En se faisant homme puis en ressuscitant Dieu a gagné ma confiance.
Alors quand Il explique à la Samaritaine au bord du puits : « Quiconque boit de cette eau aura soif à nouveau mais qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif; l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle je fais comme la Samaritaine.Je lui réponds : Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n’aie plus soif et ne vienne plus ici pour puiser » (Jean 4, 13-14).
Si j’ai décidé de Le suivre – ou plutôt si en dépit de mes contradictions, de mes péchés et de mes incohérences et de mes complaisances je cherche maladroitement à Le suivre – c’est parce que j’ai besoin qu’Il me dise qui je suis et comment l’être mystérieux que je suis dois faire pour être heureux. Parce que j’ai besoin qu’Il me montre le chemin.

Louis Charles, essayiste
Extrait de "J’ai besoin que quelqu’un me montre le chemin"
aleteia.org 02/03/2016

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Si l’on parle de discerner sa vocation, telle une injonction, quels sont les moyens pour la discerner ? Quelle corde fait-elle vibrer en nous ? Tout d’abord, la notion d’appel suppose une parole qui nous est adressée, à laquelle il faut répondre, celle-ci n’est pas figée dans le temps mais, continue, elle nous met en mouvement et, à la fois, nous précède. D’où l’importance de trouver sa voix avant toute voie, afin qu’à l’appel de notre nom nous puissions répondre sans fausse note. Saint-John Perse, au moment d’être déchu de sa nationalité par le régime de Vichy, riposta en écrivant : « J’habiterai mon nom ». (...) La vocation est d’ailleurs une source d’unité. Bernanos nous éclaire davantage sur celle-ci quand il note dans la préface des Grands cimetières sous la lune : « Toute vocation est un appel — vocatus —et tout appel veut être transmis ». La vocation nous parle donc aussi de ce que nous voudrions donner de nous. (...)
Romain Gary, avec confiance, nous partage dans La Promesse de l’aube :
Le bonheur est accessible, il suffit simplement de trouver sa vocation profonde, et de se donner à ce qu’on aime avec un abandon total de soi. Les vocations d’écrivains ont l’avantage d’être révélées par écrit, mais il existe autant de vocations qu’il y a de désirs de don et de transmission.

Louise Almeras, journaliste
Extraits de "Vocation"
aleteia.org 01/03/2016

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Faites l’expérience de vous retirer une quinzaine de jours dans un ermitage, sans écran ni machines ! Là, on rentre vraiment dans le disque dur de l’homme. Après une phase intense d’agitation interne où remonte un flot d’images, d’instincts et d’émotions, il peut accueillir ses inclinations les plus naturelles, son désir profond de paix et d’unité intérieures, de joie, de vraie liberté, de proximité aux autres, d’amour et de respect de la vie.
Il peut aussi se laisser surprendre par la grâce, la présence vivante de Dieu. La plus belle personne que j’ai rencontrée, c’était dans un désert : une vieille paysanne qui sortait d’une cabane et qui irradiait d’humanité. On sentait en elle une incroyable présence au temps, à l’espace, à son environnement, à elle-même, aux autres et à Dieu !
Seule la théologie est capable de dégager le sens ultime de la vocation humaine, selon les desseins du Créateur. (...) L’être humain est fait pour se trouver lui-même en recevant la grâce et en se donnant gratuitement. À condition d’avoir éprouvé en soi un sentiment de gratitude pour la vie reçue (de Dieu, de sa famille, de son environnement, de sa nature humaine créée, de sa différence sexuée). À condition d’avoir également discerné en soi un « je » singulier, dégagé de ses scories, de ses esclavages, de ses penchants narcissiques. Étapes qui s’approfondissent dans l’espace vital de la prière.

P. Tanguy-Marie Pouliquen, prêtre de la Communauté des Béatitudes, professeur d'éthique et enseignant chercheur à l'institut catholique de Toulouse.
Extraits de " Le transhumanisme est-il l’avenir de l'homme ? "
famillechretienne.fr 24/02/2016

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