Il faut prendre le temps, sans brûler les étapes. À grandir trop vite, on pousse sans racine, on s’épuise, on s’étiole à la merci du vent.
Alors, pourquoi ne pas ménager dans nos vies rien qu’un petit espace où l’enfance est possible ? Ce n’est certes que l’enfance, et elle est passagère. Un jour nous traverserons le miroir obscurci, dans la lumière divine, nous verrons toutes choses. Mais pourquoi nous hâter ? Pourquoi refuser d’avoir Dieu comme père, qui veille tendrement sur chacun de nos pas ? Il pardonne nos fautes, il sait notre faiblesse. Il nous connaît chacun, bien mieux que nous-mêmes. Il sait tout le meilleur dont nous sommes capables. D’un œil bienveillant il bénit nos projets. L’indulgence d’un père, sa tendresse, son amour : tout cela m’est donné si avec foi j’espère. Mais l’espérance est dure, et ma foi est fragile. Le mystère divin parfois me désespère : je n’y comprends plus rien. Je voudrais tout lâcher, écrasé par le poids de trop grandes exigences. Alors je revisite en moi, comme l’enfance. Je redeviens celui qui ne s’inquiète plus. Qu’importe l’avenir, qui ne m’appartient pas. Qu’importe si de Dieu je ne saisis pas tout. La seule chose que je puis, avec certitude, c’est aimer aujourd’hui, les hommes qui m’entourent. La seule chose qui dure, quand tout sera passé. Aimer, comme l’enfant, sans « pourquoi » ni « comment ». Aimer, plus simplement.
Extrait de la méditation de frère Franck Dubois, dominicain
sur Corinthiens 13, 11-13
Signe dans la Bible 11/09/2015
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By eeltoulouse.fr |
(...) Nous voici invités à revenir sans cesse à notre commencement, à cet état où nous ne pouvons rien, sinon accueillir ce qui vient, notre avenir imprévisible. Le temps, donc, de l'ouverture absolue. Déjà, il est vrai, l'ambition peut venir contaminer le désir et l'ivraie peut croître mêlée au bon grain. Nous ne pouvons pas confondre enfance et innocence. Il reste que l'enfant est l'être humain en son ouverture ; inachevé, il est accueil de ce qui vient. La vie devant soi. Il y faut un fond d'espérance, de confiance en cet avenir, même si cette confiance reste enfouie en deçà de la conscience. Elle est la source de la joie de vivre enfantine. La confiance en la vie qui vient passe par la foi, l'ouverture aux personnes qui entourent l'enfant, et en premier lieu, bien entendu, aux parents. L'enfant est d'abord fils ou fille d'un homme et d'une femme qui ont été le chemin de l'action créatrice de Dieu. Mais ici Jésus, selon Marc, ne nous parle pas de la nécessité de revenir à l'ouverture et à la confiance de l'enfance : il nous invite à recevoir en son nom le plus pauvre, le plus démuni, celui qui n'a rien et ne peut compter que sur les autres. Accueillir de telles personnes, c'est l'accueillir lui-même et, en fin de compte, accueillir Dieu lui-même. Dieu, et cela s'est révélé, manifesté dans ce qu'a vécu le Christ, s'est remis entre nos mains. Vis-à-vis de nous, Dieu se fait notre enfant. Il se met à notre merci, et nous avons le pouvoir de l'accepter ou de le refuser.
P. Marcel Domergue, jésuite
croire.com
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