Sans pardon, c’est la vengeance. Tu m’as fait mal, c’est à ton tour. C’est la loi du Talion, de l’œil pour œil. La vengeance engendre la violence, et de plus en plus de violence. (...) Il est vrai que nous ne nous vengeons pas toujours, mais nous évitons l’autre, nous le rejetons par une attitude négative, une vengeance subtile, passive : le ressentiment, une mascarade de justice, pour notre amour-propre. Or, la blessure ne guérit pas, elle s’infecte, et se répand à tous les aspects de la vie.
Pardonner, ce n’est pas oublier (...). Le pardon n’est pas l’excuse. Excuser, c’est expliquer le mal, trouver une raison pour les actes de l’offenseur, comme s’il n’était pas responsable. (...) Aucune circonstance atténuante. Il faut le pardon, aucune justice là-dedans.
(...) Le pardon est un choix que tu fais, un cadeau que tu donnes à quelqu’un même s’il ne le mérite pas. Cela ne coûte rien, mais tu te sens riche une fois que tu l’as donné. Le pardon détourne les pulsions de vengeance, il apaise la colère initiale, libère de la haine en soi, de cette haine qui gruge l’existence, et mène à la paix intérieure. (...)
Le pardon est un acte d’amour. Il ne dissout rien des conséquences de la faute, mais enferme le fiel dans un tiroir verrouillé et ouvre la porte à une relation humaine nouvelle, à la vie. Le pardon, c’est l’amour pour l’être dans l’offenseur, c’est reconnaître les limites de l’homme dans l’autre, la faute et ses causes y étant liées, et absoudre l’être.
Le pardon engage l’entièreté de ce que nous sommes. Il demande un effort du cœur, de l’intelligence, des émotions. Sans une bonne dose d’humilité, sans refroidir son égo et se résoudre à se croire humain, égal à l’autre, impossible de pardonner. Et ça prend de la patience. Le pardon prend du temps, ne se fait pas sur un coup de tête. Le pus doit sortir à son rythme.
Enfin, l’aspect le plus important, peut-être, il nécessite la confrontation de l’offenseur et de la victime. Un être devant l’autre. Pas d’accord, rien à comprendre. Seulement pardonner.
Jean-Marc Ouellet, essayiste
Extrait de "Quoi ! Pardonner ?"
Magazine littéraire électronique Le Chat Qui Louche, Québec
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(...) Pierre, en demandant à Jésus jusqu’à combien de fois il faut pardonner (Mt. 18, 21-35), nous montre les limites du cœur humain. C’est un cœur qui se lasse, qui juge, qui calcule, mais surtout c’est un cœur qui est au service de la loi : « Dis-moi ce qu’il faut faire pour être juste et je le ferai » et Jésus vient changer cette tournure d’esprit, en faisant resplendir l’amour qu’expriment ces lois de par sa vie et ses paroles de vie éternelle. Ne mets pas de limite à ton amour : « Je ne ferai jamais ça, c’est trop me demander, il abuse, tout sauf ça, avec lui non, j’ai déjà trop donné, qu’il se débrouille ». Dieu a-t-il mis des limites à son amour pour toi ? Certes, c’est Dieu, mais ne jouissons-nous pas de sa présence en nous, depuis notre baptême, et ne sommes-nous pas appelés à aimer comme lui a aimé ? Nous ne pourrons pas lui « payer » tout cet amour dont il nous a fait don si généreusement et si tendrement, mais notre façon de lui payer, c’est de chercher à vivre cette même justice et miséricorde envers les autres. Tu veux remercier Dieu pour tous les bienfaits dont il t’a comblé ? Fais preuve d’autant de grandeur d’âme et de générosité envers les autres. Reconnais ta dette envers Dieu et utilise ce que tu as avec gratitude. Tout te vient de Dieu. N’agis pas en propriétaire de tout ce que tu as, mais partage ces dons dont Dieu t’a enrichi. (...)
Extraits de la méditation écrite par Jeanne Mendras, consacrée de Regnum Christi
catholique.org 13/08/2015
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