La manière dont je vis l'aujourd'hui est pour une part conditionnée par le rapport que j'entretiens avec mon passé. Si je passe mon temps à envisager, seulement à hauteur humaine, ce que j'ai pu subir ou ce dont j'ai pu être complice, je vais finir par me haïr: le remords rime avec mort et peur. Mais si je revois tout mon vécu dans la miséricordieuse Providence, alors, même le péché peut devenir une occasion favorable. (...)
En m'arrimant à la Providence divine, je vais cesser de m'arc-bouter contre une vie dont il faudrait sans arrêt esquiver les coups, et je vais entrevoir, à travers les événements qui la tissent, la volonté et la présence de Dieu. Charles Péguy prête ces mots au Bon Dieu: "Les événements, c'est moi. C'est moi qui vous caresse ou qui vous rabote. Mais c'est toujours moi. Chaque année, chaque heure, chaque événement, c'est moi. C'est Moi qui viens, c'est Moi qui vous aime, c'est Moi... N'ayez pas peur."
Nous avons une capacité énorme à élaborer des scénarios catastrophes pour un lendemain qui n'a pas encore vu le jour. Mais nous avons une incapacité à imaginer la grâce de Dieu qui nous sera donnée pour cette heure précise. Si nous nous laissons obnubiler par les artifices de la folle du logis, la grisaille imaginée pour l'avenir deviendra rapidement d'un noir d'encre: ce sera alors la panique assurée. Dieu nous assure de sa présence en cet instant et, lorsque demain verra le jour, il s'appellera l'aujourd'hui de Dieu: "Ne te soucie pas du lendemain. Pense seulement à faire le bien aujourd'hui. Quand demain arrivera, il s'appellera aujourd'hui; alors nous y penserons. Il faut avoir une grande confiance en la Divine Providence pour pouvoir pratiquer la sainte simplicité", conseillait Padre Pio.
Père Joël Guibert, diocèse de Nantes, écrivain, conférenier
in "L'art d'être libre", éd. de l'Emmanuel, 2013
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(...) Le Salut existe, il est venu par l’irruption de Dieu dans le temps des hommes : à travers son Incarnation, le Christ nous a rendu accessible l’éternité. « Pour toi il s’est fait temporel, afin que tu deviennes éternel », commente saint Augustin.
Nous voilà en apparence bien loin des contingences temporelles, du travail à finir dans l’urgence ou de la course folle pour arriver avant le départ de la nounou. Pourtant non, car la seule question qui vaille, c’est de laisser le Christ entrer dans le temps de notre vie. Alors, ce Seigneur de toute éternité viendra habiter notre âme entre deux réunions, entre la vaisselle et le repassage, entre la salle d’attente et le cabinet du médecin… Peu à peu, le Verbe fait chair en nous changera notre rapport au temps et nous donnera sa paix, cette plénitude intérieure annonciatrice du Royaume éternel.
Emmanuel Bourceret, essayiste
Extrait de " Ne courez plus après le temps, cherchez l’éternité"
Billet d’humeur | 04/09/2015
famillechretienne.fr
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