(...) "Et les croisades alors?" C'est l'argument choc, passe-partout, censé clouer le bec de tout catholique engagé dans une discussion concernant l'Église de près ou de loin. La preuve par a+b que l'Église n'a de leçons à donner à personne. Mais aussi, pour certains, une justification de la violence des musulmans à l'égard du monde occidental. (...)
En quoi ont réellement consisté les croisades? Elles se sont déroulées principalement du XIème au XIIIème siècle. Il est nécessaire de les situer dans leur contexte et de rappeler leur but initial.
- Dès les premiers temps de la chrétienté, les fidèles, souvent venus de très loin, affluent vers Jérusalem pour se recueillir sur le tombeau du Christ (Méliton de Sardes, en 160, sainte Hélène, mère de Constantin, vers 330).
- Les musulmans prennent la ville en 638 mais aussi bientôt les deux tiers de l'Empire romain.
- En 1009, le calife Hakem ordonne la destruction de la basilique du Saint-Sépulcre.
- En 1078, les Turcs s'emparent de la cité et interdit l'accès aux lieux saints.
- En 1095, le pape Urbain II lance la première croisade: des milliers de pèlerins, croix rouge cousue sur la poitrine, se mettent en route pour Jérusalem.
"La croisade est une riposte à l'expansion militaire de l'islam, une réplique à l'implantation des Arabes et des Turcs en des régions et des villes, berceau du christianisme au temps de saint Paul (...), des régions où les fidèles du Christ sont désormais persécutés" (Jean Sévillia, historien)
(...) C'est comme si les Américains occupaient La Mecque et interdisaient aux musulmans de s'y rendre: vous feriez quoi?
(...) La prise victorieuse de Jérusalem, commencée un vendredi à 15 heures, donne lieu, certes, à de violents affrontements. "La tuerie est avérée. Les Francs se sont cependant conduits comme tous les soldats de l'époque, et notamment leurs ennemis." (Jean Sévillia)Nommé roi de Jérusalem, Godefroi de Bouillon préfère porter le titre de défenseur du Saint-Sépulcre. Car tel est bien le dessein de la première croisade: défendre les Lieux Saints pour en assurer le libre accès aux pèlerins. Nulle volonté de colonisation, donc. Des ordres de moines-soldats sont fondés pour garder les principautés chrétiennes de Jérusalem, Antioche, Tripoli et Édesse.
(...) L'acte de foi fut toujours à l'origine des engagements. Mais peu à peu se sont imposées d'autres préoccupations et même des déviations. Les croisés se rendirent coupables du sac de Constantinople en 1204, condamné d'ailleur vivement par le pape Innocent III. Mais on ne peut honnêtement résumer les croisades aux exactions qui y ont été commises, qui plus est du seul côté chrétien, sans se rendre coupable de mauvaise foi.
Élisabeth Caillemer,
Extraits de "Les croisades: une conquête guerrière"
famillechretienne.fr n° 1959 août 2015
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